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Pétrole: les marchés attendent le blizzard…

Un super-tanker se fraye un chemin dans les mers glacées. L'hiver exceptionnel pourrait faire rebondir les cours du brut.

Un super-tanker se fraye un chemin dans les mers glacées. L'hiver exceptionnel pourrait faire rebondir les cours du brut. - Markku Ulander - Lehtikuva - AFP

Après la phase de stabilisation du marché pétrolier, les investisseurs sont à la recherche d’arguments pour parier sur une remontée. Pas grand-chose en stock, mais la météo aux Etats-Unis pourrait peut-être jouer le rôle de catalyseur.

Jamais les traders du marché pétrolier n’auront autant béni le mauvais temps ! Après des mois de dégringolade, les prix du brut semblent enfin s’être stabilisés, au prix du lancement d’une restructuration sans précédent de l’appareil de production partout dans le monde.

Après avoir atteint des plus bas du côté des 45 dollars, et même provoqué pendant quelques semaines une annulation de la traditionnelle prime au Brent, passé sous le WTI américain, la situation a décanté : le pétrole de Mer du Nord est reparti à la hausse, grâce aux nouvelles sur le chantier géant entamé dans la zone où il est extrait pour réduire les capacités de production.

L’Amérique pétrolière toujours en quête d’équilibre

Le pétrole américain, lui, reste sous pression. Du coup l’écart se creuse à nouveau entre les deux qualités de brut, et redevient même plus élevé que d’habitude. Mais la vérité est là : c’est du côté américain qu’il y a encore des problèmes à résoudre.

Selon les dernières données des analystes de la banque Goldman Sachs, les producteurs de pétrole de roche américains, qui utilisent la technique du forage horizontal, viennent à peine de terminer leurs programmes de nettoyage de portefeuille. On arrive à un plus bas de plusieurs semaines en termes d’arrêts de production. Preuve qu’on arrive sans doute à un certain niveau d’équilibre.

Vers une hausse durable ?

Restent des stocks, des réserves pétrolières colossales, au plus haut depuis 80 ans… les Etats-Unis sont assis au total sur plus de 400 millions de barils de brut ! Peu étonnant que le cours du WTI reste sous forte pression.

Quand fondamentaux d’offre, de demande et de production sont pris en compte, on peut toujours se tourner vers le ciel pour tenter de trouver des raisons de parier sur une hausse, et c’est précisément ce que font les investisseurs américains en ce moment.

L’hiver le plus froid depuis 45 ans

L’hiver que traversent en ce moment les Etats-Unis, particulièrement rigoureux, se prolonge. Le mois de février aura été le plus froid depuis les années 1970. Les jours à venir vont voir les températures descendre encore, avec un violent blizzard, particulièrement dans la région de Chicago, mais aussi à New York et Washington. Et les dernières prévisions donnent des températures pour les semaines à venir largement sous la moyenne des années précédentes.

Du coup on sent un frémissement assez net sur les produits américains raffinés : les prix du fioul de chauffage ont commencé à se tendre, pareil pour le diesel, largement plus utilisé à des fins énergétiques aux Etats-Unis, + 6% en une semaine. 

Vers une hausse brutale ?

A la différence des gros contrats pour livraisons à plusieurs mois que les traders jouent sur le marché avec le Brent et le WTI, les contrats pour les produits de chauffage ou le gaz sont à horizon plus limité, et un déficit de production peut entrainer une très vive hausse des cours d’un coup.

Ce qui pourrait bientôt être le cas tant l’Amérique a réussi en très peu de temps à réduire drastiquement ses capacités de production. Un cas de figure qui pourrait pour quelques semaines provoquer une vraie tension, et avoir des répercussions sur les prix finaux du brut américain. Les marchés attendent donc le blizzard… qui pourrait être l’ingrédient de base d’une remontée progressive dans un premier temps vers les 50-60 dollars.

Antoine Larigaudrie