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Pétrole: quand les parapétroliers tremblent sur leurs bases

Si les majors pétrolières arrivent peu ou prou à résister tant bien que mal à la forte baisse des cours du brut, les groupes de services parapétroliers prennent l'impact de plein fouet. Posant question sur leur modèle économique même.

Si les majors pétrolières arrivent peu ou prou à résister tant bien que mal à la forte baisse des cours du brut, les groupes de services parapétroliers prennent l'impact de plein fouet. Posant question sur leur modèle économique même. - AFP Photo - Haidar Mohammed Ali

La mécanique est connue, chaque chute des cours du brut provoque des baisses marquées sur le secteur pétrolier. Mais l’effet est d’autant plus sensible sur celui des services parapétroliers, qui payent l’actuelle restructuration de leurs donneurs d’ordre au prix fort.

Toujours plus bas… Actuellement les analystes et les grandes banques d’affaires se battent à grands coups de prévisions plus négatives les unes que les autres autour du baril de pétrole, aussi bien pour le Brent que le brut léger américain, qui perdent chacun encore 20% depuis le début de l'année. 

Après Goldman Sachs et Morgan Stanley qui voient le baril du côté des 20 dollars à horizon de quelques semaines, du fait de la hausse du dollar et de l’impossibilité de mettre tout le monde pétrolier d’accord sur des baisses de production, Royal Bank of Scotland table sur 16 dollars, et Standard Chartered prévoit 10 dollars dans son scénario le plus extrême!

Changement spectaculaire d’environnement

Au-delà des implications géopolitiques au niveau des pays producteurs, macro-économiques pour les grandes majors du secteur, la situation devient de plus en plus compliquée pour les entreprises du secteur parapétrolier.

En effet, les Total, Shell ou BP arrivent à garder de la souplesse, en étant capables de s’adapter ou de se réorganiser, malgré un outil de production très lourd et une plongée très rapide des cours. Du coup, ces géants gardent une structure capable de dégager des bénéfices malgré une forte baisse fondamentale de l’activité.

Impact encore plus fort pour les parapétroliers

Mais il n’en est pas de même pour les sociétés parapétrolières, qui les assistent dans leurs chantiers de production et d’exploration. Ce sont les premières victimes des réductions de budget, des restructurations et de la mauvaise conjoncture générale, vu que la plupart des grands projets pétroliers désormais ne sont plus rentables.

Au point d’être très fragilisées financièrement, dans certains cas. Et le bilan commence à être lourd en bourse. Sur les cinq dernières séances de bourse, Technip, grand acteur français des services pétroliers, perd 11%. L'Américain Schlumberger, coté aussi à la bourse de Paris, qui est au milieu d’un grand processus de restructuration en ce moment, perd dans le même temps plus de 7%.

Modèles économiques ébranlés

Même cas de figure pour CGG. L’ex-Géophysique, spécialiste de la prospection sismique à destination de l’industrie pétrolière, a perdu sur les cinq derniers jours 17%. Avec une structure financière tellement fragilisée par les chamboulements actuels que le groupe a dû annoncer une augmentation de capital de 350 millions d’euros.

Le plus petit pétrolier français, Maurel et Prom, opérant principalement à partir de quelques puits en Afrique, voit son modèle économique totalement mis sous pression par la dégringolade des cours. Le titre perd 18% sur cinq jours.

Une douloureuse restructuration de long terme

Enfin, il y a le cas Vallourec, cas particulier à lui tout seul, puisque producteur de tubes sans soudure à destination des grands projets pétroliers… mais aussi et avant tout sidérurgiste, et confronté aussi à la crise actuelle de la métallurgie et la forte baisse des cours des matières premières minières. Le titre Vallourec perd 20% sur les cinq dernières séances.

C'est donc tout un secteur industriel français d’excellence qui est en train de souffrir, en amont même des pétroliers. Au point que leur modèle économique commence même à poser question, au vu de l’évolution spectaculaire des cours. Il est appelé à demeurer longtemps premier acteur et première victime sans doute de la restructuration générale du secteur énergétique et de son adaptation à de nouvelles réalités économiques.

Perspectives de regroupements?

Cela dit, le sort de ces entreprises en bourse pourrait s’améliorer à la faveur de l’avancée du chantier de restructuration, mais aussi d’éventuels regroupements ou fusions, rendus nécessaires pour partager les outils, les solutions et les savoir-faire, générer des synergies de manière à mutualiser l’activité globale.

Les analystes anticipent des regroupements et des rachats, opérations entre acteurs affaiblis, mais qui pourraient être l'un des ingrédients d’une stabilisation graduelle de l’activité, et d’un renouveau du métier, décidément bien compliqué ces temps-ci, de parapétrolier.

Antoine Larigaudrie