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Pluie de « profit warnings » sur les marchés

Les derniers avertissements d'Ingenico, Atos ou Sopra Steria ont été sanctionnées par des baisses spectaculaires à la Bourse de Paris.

Les derniers avertissements d'Ingenico, Atos ou Sopra Steria ont été sanctionnées par des baisses spectaculaires à la Bourse de Paris. - ERIC PIERMONT / AFP

Les avertissements et les révisions à la baisse des perspectives se multiplient pour les entreprises, témoignant d'une dégradation sérieuse de la conjoncture dans plusieurs secteurs-clés de l'économie mondiale.

Les réactions boursières sont violentes : -22% pour Atos, -13% en cours de séance pour Ingenico il y a quelques jours, -25% pour Sopra Steria, et une liste qui s'allonge dans toute l'Europe avec Bouygues, BMW ou Daimler... un nombre croissant d'entreprises sont sanctionnées en bourse après avoir révisé leurs prévisions de bénéfices, de ventes ou de marché pour l'année, témoignant d'un vrai coup de froid conjoncturel.

Pour autant, même si ces réactions boursières sont considérées comme excessives par une grande majorité d'observateurs de marché, elles sont aussi le reflet d'un changement de sentiment notable, face à une conjoncture internationale très complexe et des perspectives de croissance qui s'amenuisent.

Rentabilité sous pression

Car même si la plupart de ces annonces sont liées à des considérations industrielles propres à chaque secteur (complexité du marché automobile mondial, croissance au ralenti en Chine, atmosphère de guerre commerciale, effets de devises négatifs notamment avec les pays émergents), il subsiste un fil conducteur très net : l'effritement de la profitabilité et la hausse des dépenses.

La banque Morgan Stanley le remarque dans sa dernière note d'analyse sur les marchés actions : « Les entreprises surpassent généralement les attentes en termes de prévision de chiffre d'affaires, mais pas sur les bénéfices. Ce qui suppose des pressions sur les marges ». Une pression qui survient en même temps qu'un tassement des indicateurs de sentiment économique et de croissance, en Europe notamment.

Environnement moins favorable

Si l'on en croit les principales enquêtes de sentiment économique en Europe, les entreprises semblent arrivées en haut de cycle en termes de rentabilité, alors que les dépenses énergétiques notamment (avec la hausse des cours du pétrole), mais aussi en termes de recherche et de développement pour l'industrie (notamment l'automobile) et de marketing pour les grands acteurs du commerce, ont elles, tendance à augmenter. Le tout dans un environnement de taux moins favorable.

Le cas particulier qui inquiète aussi reste bien sûr le sort du Royaume-Uni, confronté à la perspective d'un Brexit sans accord. En plus d'un nombre important d'alertes sur profits sur le troisième trimestre de l'année, le cabinet EY remarque que cela coïncide avec une baisse médiane de 21,2% des cours de bourse des grandes entreprises britanniques, la plus forte jamais enregistrée lors de ses enquêtes sur un trimestre.

Valorisations élevées

Avec un Euro Stoxx 50 qui perd 8,6% sur 6 mois et un CAC40 qui en perd presque autant (-7,5%), les analystes de marché jugent que l'essentiel des mauvaises nouvelles est d'ores et déjà pris en compte dans les cours, surtout qu'on avait atteint fin juillet des niveaux de valorisation plus que corrects.

Mais la correction pourrait s'aggraver si les annonces de profit warnings continuent, démontrant que la dégradation pourrait se poursuivre sensiblement au-delà de la fin de cette année.