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PLUS EUROPE: Avec ses indications prospectives, la BCE entretient un flou judicieux

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Richard Barley, The Wall Street Journal LONDRES (Dow Jones)--Pour la Banque centrale européenne (BCE), comme pour d'autres banques centrales à travers le monde, l'exercice des indications prospectives sur la politique monétaire s'avère délicat.

Richard Barley,

The Wall Street Journal

LONDRES (Dow Jones)--Pour la Banque centrale européenne (BCE), comme pour d'autres banques centrales à travers le monde, l'exercice des indications prospectives sur la politique monétaire s'avère délicat. Bien qu'elle se soit engagée en juillet à maintenir ses taux d'intérêt aux niveaux actuels ou à des niveaux inférieurs "pour une période prolongée", les marchés tablent de plus en plus sur un relèvement des taux dans la zone euro. Pour certains, c'est une preuve que ces indications sont trop vagues. Or le président de la BCE, Mario Draghi, a répété jeudi la formulation de juillet. A juste titre.

Le marché anticipe un premier relèvement des taux d'intérêt en juillet 2015, et les taux des obligations à long terme de la zone euro ont bondi. Cette évolution accentue les craintes qu'une augmentation des coûts de financement n'étouffe la reprise économique dans la région.

Pas d'objectif chiffré

Mario Draghi a pris note de ce risque. La BCE s'est pourtant abstenue de préciser ses indications prospectives et n'a mentionné aucun objectif ou seuil en termes d'indicateurs économiques qu'elle pourrait utiliser pour prendre ses décisions. Le conseil des gouverneurs a "réfléchi" à ces indications et conclu qu'elles étaient appropriées, a souligné Mario Draghi. Le banquier central a par ailleurs bien laissé entendre que la BCE injecterait des fonds sur le marché si les liquidités excédentaires tombaient à des niveaux susceptibles de faire grimper les taux d'intérêt à très court terme. La BCE a encore plusieurs outils à disposition si les marchés commençaient à s'emballer.

La Banque centrale européenne est toutefois bien inspirée de ne pas lier sa politique à un indicateur économique. La tentative de la Banque d'Angleterre (BOE), qui s'est engagée à ne pas relever ses taux tant que le chômage au Royaume-Uni ne serait pas ramené à 7%, a été accueillie avec scepticisme: les marchés britanniques anticipent maintenant un relèvement des taux à la fin 2014, bien avant l'horizon 2016 évoqué par la BOE.

L'inflation résolument basse

La valeur des indications de la BCE réside dans le flou qu'elles entretiennent. En ne donnant aucune échéance précise, elles privent le marché d'un point de fixation. Et en continuant à se focaliser exclusivement sur son mandat consistant à garantir la stabilité des prix, définie par un taux d'inflation un peu inférieur à 2%, la BCE évite d'envoyer des messages contradictoires ou de faire des promesses qu'elle ne pourra pas tenir.

De fait, la BCE pourrait étoffer ses indications simplement en fournissant de nouvelles prévisions de faible inflation. Avec un taux d'inflation dans la zone euro inférieur à 2% depuis février, et une projection pour 2014 de seulement 1,3%, une telle démarche pourrait donner aux marchés de quoi réfléchir.

-Richard Barley, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau)

(END) Dow Jones Newswires

September 06, 2013 05:59 ET (09:59 GMT)

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