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L'inébranlable optimisme de la Bourse

Le CAC 40 a gagné 10% depuis le mois de janvier.

Le CAC 40 a gagné 10% depuis le mois de janvier. - Eric Piermont - AFP

Rarement l’économie mondiale aura autant été au milieu d’une aussi parfaite conjonction de facteurs d’instabilité. Et pourtant… envers et contre tout, les marchés tiennent bon, gagnent du terrain et attirent les investisseurs.

Un CAC 40 au plus haut depuis juin 2008. On retrouve les niveaux précédant la faillite de Lehman Brothers. Et sur des volumes qui montrent un vrai marché de conviction. La moyenne quotidienne tourne autour des 4 milliards d’euros d’actions échangées sur l’indice vedette de la Bourse de Paris, contre 3 environ l’année dernière. Un CAC 40 qui gagne 2% depuis lundi, 10% depuis le 1er janvier.

Comment ne pas trouver ça curieux, alors qu’on atteint des sommets en matière d’instabilité et de risque sur la conjoncture générale ? On entre dans le dur des négociations sur la dette grecque, avec pour le moment des positions totalement opposées, notamment ente pouvoir grec et Allemagne.

Le marché préfère parier sur un accord qui sauvera la zone euro tout entière, parce qu’une fois de plus, il n’y a pas d’autre solution. La situation redevient singulièrement grave entre la Russie et l’Ukraine, l’Europe tente une médiation de la dernière chance avant ce qui pourrait dégénérer en guerre totale aux portes de l’Europe. Aucune réaction. Déséquilibres monétaires majeurs, avec des taux de dette souveraine en zone euro au plus bas historique, la Finlande devenant le premier pays à emprunter à taux négatif, le rendement de la dette suisse l’étant déjà de fait depuis 3 semaines sur la maturité 10 ans. Le marché est prêt encore à miser dessus.

Les investisseurs américains à la manœuvre ?

En fait, les investisseurs boursiers semblent avoir décidé de mettre des lunettes roses et de transformer toute mauvaise nouvelle en catalyseur de hausse, en raison d’achat, en faveur des actions européennes. Le meilleur exemple, c’est le pétrole. La remontée actuelle des cours, entre 25 et 35% selon la qualité de brut, est d’une violence rarement vue. Et tous les analystes de marché le disaient pendant les mois de dégringolade qui ont précédé, ce n’est pas tant la baisse, l’orientation du mouvement qui pose problème, mais bien son intensité et sa violence. Ca remonte violemment ? Ca oblige le monde entier a complètement revoir et réorganiser un appareil de production établi depuis des décennies ? Qu’importe. Là, dans le cas précis, c’est une bonne nouvelle. Tout va bien.

La morphine des banques centrale est-elle trop bonne, de nature à faire complètement oublier au marché les risques actuels ? Sans doute. Mais la liquidité est déjà abondante depuis des mois et l’argent tourne. Donc qu’est-ce qui rend le marché toujours plus optimiste ? La réponse est dans la courbe des volumes quotidiens d’échange sur le CAC 40. La tendance se noue à partir de 14h, et se confirme quasiment toujours à 17h30. Et généralement, c’est la hausse et les acheteurs qui l’emportent. Preuve tangible que ce sont les investisseurs américains qui sont décisifs là-dessus, convaincus du potentiel de hausse des marchés européens, et du différentiel par rapport aux actions américaines. Et si on considère cette indication comme pertinente, les marchés de la zone euro ont encore des mois et des mois de croissance et de potentiel devant eux. Envers et contre tout.​

Antoine Larigaudrie