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Quand Goldman Sachs veut recruter chez les geeks!

Lloyd Blankfein, patron de Goldman Sachs, veut transformer la pestigieuse banque en première société high tech de la finance. Pour cela, il veut embaucher tous les diplômés promis a des carrières chez Apple ou Google.

Lloyd Blankfein, patron de Goldman Sachs, veut transformer la pestigieuse banque en première société high tech de la finance. Pour cela, il veut embaucher tous les diplômés promis a des carrières chez Apple ou Google. - Thos Robinson - Getty Images North America - AFP

Finis les jeunes titulaires de MBA aux dents longues! La priorité numéro 1 de la puissante banque d’affaires est désormais de recruter des ingénieurs, des informaticiens et des programmeurs. Une opération séduction est donc lancée pour tenter de dérouter les talents de Google, Facebook ou Apple !

"Goldman Sachs est une compagnie technologique, il faut que le monde s’y fasse", déclare un Lloyd Blankfein déterminé. Le patron de Goldman Sachs estime qu’après plus de 20 ans d’investissements en masse dans les solutions high tech de pointe, il est temps que le monde change de regard vis-à-vis de son business model.

Et ce grand changement stratégique passe avant tout par une évolution des métiers en interne, ce qui va se ressentir au niveau des recrutements chez Goldman Sachs. Désormais, pour entrer dans la banque, mieux vaudra être diplômé du MIT (Massachusets Institute of Technology) que des prestigieuses business schools que sont Wharton, Stanford ou Harvard.

La high tech: un métier bancaire à part entière

Aujourd’hui la part des ingénieurs et spécialistes de la high tech chez Goldman Sachs représente 36% de ses effectifs, soit 11.000 personnes. Mais l’objectif de la banque est d’aller bien au-delà, quitte à arriver à une proportion de 50%.

Car selon Lloyd Blankfein, la technologie va représenter un des métiers les plus porteurs de Goldman Sachs ces prochaines années, devant la banque de marché, les fusions-acquisitions ou la banque d’investissement.

Le futur cœur des stratégies

Et là, il n’est absolument pas question de grossir ce qu’on appelle le "back office", la simple gestion des solutions techniques et leur maintenance. Il s’agit d’apporter de la plus-value au cœur des métiers premiers de Goldman Sachs.

Car dans des marchés de plus en plus complexes, où les mouvements peuvent être foudroyants et où la rapidité à réagir est la clé, la technologie n’est plus qu’un simple moyen de réaliser des opérations de marché. Elle en devient l’ossature même.

Anticiper les changements de tendance

De plus, à plus long terme, Goldman Sachs se prépare à l’évolution du monde de la Fintech, ces start ups capables de faire aussi bien qu’une banque d’affaires en utilisant l’informatique et la high tech pour gérer des fonds de manière active, mais entièrement automatique.

Une évolution suivie de près d’autant que le métier de la banque est en train d’interpénétrer d’autres secteurs, avec à la manœuvre des poids lourds de la technologie, comme chez Apple, Google ou Orange, qui comptent accroître très significativement leurs activités bancaires dans les prochaines années. 

Adopter un nouveau modèle? Ou devenir le nouveau modèle?

Et avec la puissance de feu financière et marketing de ce genre de mastodonte, difficile de se dire que les petites structures puissent continuer à survivre sans s’allier à des géants capables de faire prospérer leur modèle. D’où l’apparition depuis 2 ans de sortes d’"Incubateurs" de Fintechs, savamment gérés par les banques ou les sociétés d’assurance…

Et c’est tout le propos de Goldman Sachs, pour résister d’un côté à l’émergence de géants de la high tech qui veulent devenir banquiers, et de l’autre des Fintech dont il faut anticiper le développement, pourquoi ne pas devenir soi-même la plus grosse Fintech et la plus efficace du monde?

Alléger les charges de travail

Dans un premier temps Goldman Sachs compte développer dans son département technologies des solutions de gestion et de trading pour alléger le travail de certains courtiers et banquiers.

La charge de travail de certains métiers du secteur devient un véritable problème, le patron de JPMorgan s’en est d’ailleurs ému ces derniers jours, suggérant à certains de ses salariés les plus exposés d’arrêter de travailler le week-end !

Deux mondes en pleine convergence

Mais dans les prochaines années, le "Cerveau Electronique" de Goldman Sachs est appelé à devenir son centre névralgique, où seront élaborées les grandes orientations stratégiques de la banque, de concert avec les banquiers et traders.

Une guerre des talents qui confirme que les mondes de la high tech et de la banque sont en train de converger, et que le métier de banquier va changer radicalement de visage ces prochaines années.

Antoine Larigaudrie