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Le joli printemps des pays émergents

Les marchés émergents on nettement repris des couleurs en ce début d'année. L'indice boursier brésilien Bovespa signe même une hausse de 26% depuis le 1er janvier.

Les marchés émergents on nettement repris des couleurs en ce début d'année. L'indice boursier brésilien Bovespa signe même une hausse de 26% depuis le 1er janvier. - Mauricio Lima - AFP

"Sur le plan économique, les pays émergents auront connu un vrai retour en grâce en mars. Ils profitent d'un afflux de capitaux équivalent à ce qu'il était voici 2 ans quand tout allait bien pour eux."

Serait-ce la fin de deux années de purgatoires pour les pays émergents ? En tout cas, après sept mois consécutifs de sorties de capitaux, la tendance s’inverse, et le sentiment est désormais bien meilleur.

Selon les données de l’Institut International de la Finance, les marchés actions des pays émergents ont attiré en mars 36,8 milliards de dollars de capitaux, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis très exactement 21 mois.

Le premier bénéficiaire de ce mouvement est sans doute le Brésil. L’ampleur du scandale de corruption qui touche la classe politique du pays fait en effet espérer des changements rapides et structurels, de nature à faciliter des réformes économiques. Sur le marché boursier, le Brésil signe ainsi la meilleure performance parmi les pays émergents: l’indice Bovespa gagne 26% depuis le 1er janvier.

Le dollar au centre du jeu

Parmi les autres grands gagnants de ce printemps des pays émergents, figurent le Pérou (+14%), la Russie (+12%) et les dragons asiatiques, la Thaïlande (+14%), l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines (entre +7 et +8%).

Les raisons de ce regain d’intérêt sont multiples, mais toutes liées à l'évolution inattendue du dollar. Car autant la relative faiblesse de la devise américaine, en ce début d’année, tracasse les investisseurs, autant elle aura été une bonne nouvelle pour les pays émergents. Leurs monnaies avaient été mises au tapis par un dollar trop fort, au grand dam de leurs banques centrales bien en peine de juguler cet effet collatéral. Et ces déconvenues monétaires expliquaient en grande partie la désaffection des investisseurs ces dernières années. La baisse de la devise américaine ces dernières semaines a donc rééquilibré les choses.

Ajustements techniques favorables

Autre facteur important bien entendu, le vif redressement des cours des matières premières. Fer, bauxite, métaux précieux, et bien sûr le pétrole… tous les cours se sont réveillé ces dernières semaines.

Là encore, le billet vert y est pour beaucoup. Tous les échanges étant libellés en dollars, les acheteurs profitent de la faiblesse relative de la devise américaine pour restocker à un prix plus avantageux.

Mais il faut aussi prendre en compte l'ajustement des stocks des industriels, notamment en Asie. Beaucoup d’analystes jugent que désormais la demande devrait, a minima, rebondir légèrement, notamment du côté des clients de la métallurgie.

Retour sur investissement

Peut-on alors parler d'inversion de tendance durable ou faut-il y voir un simple feu de paille? Les analystes de JPMorgan, plutôt positifs sur les pays émergents, estiment que la véritable clé sera la capacité des entreprises de cette zone à délivrer un retour sur investissement acceptable.

Faute de quoi, malgré un vrai mieux qui devrait se ressentir sur les indicateurs économiques des pays concernés, la tendance pourrait à nouveau s’inverser et provoquer des fuites de capitaux.

Antoine Larigaudrie