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    Quand les valeurs pétrolières font à nouveau flamber la Bourse!

Le net retour en grâce du secteur pétrolier en bourse témoigne d'une vraie amélioration du sentiment autour de ces entreprises. De quoi largement alimenter le rallye boursier espéré pour cette fin d'année.

Le net retour en grâce du secteur pétrolier en bourse témoigne d'une vraie amélioration du sentiment autour de ces entreprises. De quoi largement alimenter le rallye boursier espéré pour cette fin d'année. - Hajdar Mohammed Ali - AFP

Redressement spectaculaire des grandes valeurs pétrolières, maltraitées depuis des semaines sur fond de baisse prolongée des cours du brut. Mais le sentiment des investisseurs est désormais bien meilleur, et cela devrait même se poursuivre lors du dernier trimestre boursier.

Plus de 12% de gagnés pour Technip en une semaine, et plus de 7% pour Total, des progressions quotidiennes spectaculaires en séance, de plus de 4% pour certains titres... Il est clair que le mouvement de ramassage sur l'ensemble du secteur pétrolier ces derniers jours devient absolument massif.

Massif au vu de ce que ces titres ont perdu si on se fonde sur les mêmes exemples. Total est sorti en août d'un plus bas de 2 ans, et Technip d'un plus bas de 6 ans en septembre. Plus qu'un rebond technique, il s'agit d'un vrai mouvement de conviction.

Wall Street aux avant-postes

À l'origine, on a un début de reprise qui s'est ébauché depuis Wall Street la semaine dernière à la faveur du rebond à court terme des prix du brut, du côté des 50 dollars pour le Brent de mer du Nord. Mais chez les analystes américains, une conviction est née: le secteur pétrolier a été massacré, et il convient d'y mettre un terme.

Pour preuve, l'indice sectoriel des valeurs pétrolières de la Bourse de New York, qui reprend 23% depuis la fin août! Il reste certes déficitaire de 10% depuis le début de l'année, mais le mouvement est, là aussi, spectaculaire. Avec des progressions quotidiennes surprenantes, comme celle de Chevron hier à +3.8%.

Une restructuration géante qui se poursuit

Les investisseurs sont persuadés qu'on commence à trouver doucement des points d'équilibre autour de l'offre et de la demande sur les cours actuels. La fermeture progressive d'un très grand nombre d'installations de production commence visiblement à porter ses fruits.

Une correction qui aura été drastique, notamment dans les gaz de schiste américains, mais dont le résultat commence à se lire dans les chiffres de production des différents forages du pays. Par ailleurs, tous les chantiers de restructuration du même genre menés à travers le monde continuent à plein régime.

Relèvement des prévisions de demande

Et même si l'OPEP n'a pas levé le petit doigt depuis des mois en matière de quotas de production, chaque pays s'est plus ou moins adapté, Arabie Saoudite comprise, en réduisant à la marge sa production.

Car le royaume, ainsi que tous les pays vivant de la rente pétrolière, sont désormais touchés par des crises budgétaires plus ou moins graves, avec des conséquences à long terme sur leur tissus économiques.

Mais globalement tout le monde semble s'être fait à un baril qui va un moment rester entre les 40 et 50 dollars, et qui reste sur une pente haussière à priori. Que ce soit l'Agence Internationale de l'Energie, le FMI, l'OPEP et les pays producteurs, tout le monde est en train de parier sur un mieux en matière de demande pour 2016.

Profitabilité et flexibilité

D'un strict point de vue boursier, il ne faut pas oublier que les majors pétrolières ne manquent pas d'arguments pour que les investisseurs repassent à l'achat.

Ce sont des entreprises qui se sont lourdement réorganisées, qui continuent à le faire, et qui sont structurellement génératrices de profits, largement redistribués via des dividendes en général copieux, ou des rachats d'actions.

Cette industrie, désormais habituée depuis quelques années à la fluctuation des prix de l'énergie, a pris des décisions de manière à pouvoir se restructurer et s'ajuster plus vite qu'auparavant. Ainsi, elle arrive à résister à la volatilité des prix de l'énergie, en même temps qu'elle améliore sa visibilité à plus long terme.

Total et les pétroliers en renfort de la Bourse!

De plus, même si de manière essentielle la baisse des cours et leur maintien sur ces niveaux continue d'être un handicap vital, certaines activités permettent de dégager des marges assez confortables. Notamment le raffinage.

Et en cela, le champion français, Total, est régulièrement cité en exemple et parmi les majors au-dessus du lot. Le tout étant de se montrer sélectif et de choisir les bonnes valeurs, comme il convient de le faire en Bourse.

Pour l'instant le mouvement de rattrapage est général, et touche aussi bien les pétroliers que les parapétroliers. Ce seront sans doute les achats de fin d'année, les traditionnels habillages de portefeuilles boursiers des grands gérants, qui feront le tri.

Certains métiers toujours en disgrâce

Car il convient de bien distinguer les grands producteurs de pétrole des fournisseurs de services parapétroliers (comme Technip), les raffineurs, ou même les spécialistes de l'extraction. Les grands acteurs spécialisés américains par exemple, confrontés à de graves problèmes de financement, sont encore loin d'être tirés d'affaire.

Mais d'ici la fin de l'année, les grands pétroliers, forts de pondérations souvent très conséquentes dans les indices, seront sans doute de nature à alimenter un rallye que tout le monde a déjà en tête. Il dégagera une forte odeur d'or noir.

Antoine Larigaudrie