BFM Patrimoine
Placements

Wall Street applaudit de nouveau les introductions en Bourse de la high tech

Malgré quelques doutes concernant des aspects techniques, l'introduction de Square et de Match Group ont été couronnées de succès. Une tendance encourgeante, enfin, pour le secteur de la High-Tech.

Malgré quelques doutes concernant des aspects techniques, l'introduction de Square et de Match Group ont été couronnées de succès. Une tendance encourgeante, enfin, pour le secteur de la High-Tech. - Spencer Platt - Getty Images North America - AFP

Grand succès hier des introductions en bourse de Match Group, propriétaire de Tinder et de Meetic, et surtout de Square à Wall Street. Une flambée boursière qui rassure sur les perspectives du secteur technologiques… Et qui soulève quelques interrogations également.

Séance spectaculaire pour deux nouvelles pépites de la high tech américaine. La première journée de bourse de Square et de Match Group s’est soldée par un franc succès, avec des investisseurs au rendez-vous, et de très belles performances en clôture.

Une franche réussite, malgré des prix d’introduction revus à la baisse avant la fin de leur placement. Et en toile de fond la crainte de voir une trop grande frilosité de la part des investisseurs, comme on a pu l’observer à Paris auparavant avec Deezer et Oberthur Technologies, en raison de modèles de sociétés très novateurs et pas forcément très clairs.

Carton plein pour Match Group

Mais cela n,'aura pas été le cas pour les nouveaux candidats, surtout américains. Parmi eux, Match Group, propriétaire de Tinder et de Meetic : le titre a clôturé sur une hausse de 22%, lui assurant une valorisation de 3,3 milliards de dollars environ.

Concernant ce dernier, l’appétit des investisseurs est un signal intéressant, le modèle industriel étant certes très ancré dans la high tech, mais déjà relativement bien éprouvé et mature. Cette introduction aura donc confirmé les perspectives a priori florissantes du groupe.

L'incroyable flambée de Square

En revanche la réussite la plus spectaculaire de la séance d’hier aura été l’introduction de Square, la start up de paiement numérique du patron de Twitter Jack Dorsey. L’idée, couper court au problème de l’harmonisation des normes de paiement électronique mondiales, en permettant de connecter physiquement et directement sa carte de crédit à son portable.

Le titre, aux termes du placement, a finalement été introduit dans une fourchette abaissée, pour en faciliter le placement et réagir à une possible frilosité des investisseurs. C’est pourquoi l’action a été mise à prix à 9 dollars, contre une fourchette de 9 à 13.

Une histoire pas très claire...

Le résultat a été un succès fulgurant : après avoir gagné plus de 60% en séance, le titre a terminé à +44% en clôture. Square est désormais valorisé à un peu plus de 4 milliards de dollars maintenant, après avoir levé 243 millions.

Cela dit la belle histoire soulève quelques doutes, y compris du côté de chez Square. Hier, même la communauté financière était très circonspecte face à cette hausse considérable. Et une rumeur tenace fait état d’agissements pas très recommandables concernant le placement.

Sous-évaluation volontaire?

Des banquiers de Wall Street hier émettaient l’hypothèse d’une introduction en Bourse volontairement sous-évaluée pour maximiser les gains prévisibles sur la première journée de cotation. Une aubaine pour les actionnaires, mais qui ressemblerait fort à une manipulation.

Manipulation dont seraient victimes les actionnaires existants, et qui touche surtout les banques chargées du placement, qui auront engrangé des commissions d’autant plus considérables que le titre aura crevé tous les plafonds...

Regain d'appétit salvateur

Hormis cet épisode annexe, et en mettant de côté un aspect outrancier et peut-être artificiel de cette hausse, on a la démonstration d'un vrai regain d'appétit à Wall Street pour la mise sur le marché de ces sociétés qui proposent des modèles industriels nouveaux.

Square et Match Group sont deux cas emblématiques qui vengent une année d'introductions pas très porteuse. Les statistiques de Renaissance Capital, le fonds d'investissement spécialisé en IPO, sont sans appel à ce sujet.

Un appel d'air pour 2016?

Sur les 144 introductions réalisées depuis le 1er janvier à Wall Street, en moyenne les opérations se seront soldées par une baisse de quasiment 5% du cours après introduction.

Autant dire qu’avec l’introduction de ces nouvelles pépites, il y a de quoi créer un bel appel d'air sur les entrées sur la cote, notamment américaines, et faire renaître l’espoir pour les nouveaux modèles high tech.

Le phénomène qui devrait perdurer sur l'année prochaine et qui va être capital justement, pour valoriser en bourse tous ces nouveaux métiers émergents, ces nouveaux business models, en faire la moyenne et arriver à une juste évaluation par le marché.

ABN Amro : retour en bourse gagnant !

7 ans de purgatoire. C’est ce qu’il aura fallu à la banque néerlandaise ABN Amro pour solder de tout compte sa turbulente histoire récente. Explosion en vol en 2007, après le raid d’un fonds activiste, TCI, qui avec 1% seulement du capital a provoqué une multi-scission retentissante. Une plongée au cœur de la crise financière qui a provoqué sa nationalisation par le gouvernement des Pays Bas.

Avec à la clé un sauvetage en catastrophe qui se sera soldé par 22 milliards d’euros d’injection de capital. Mais restructurée, assainie, ABN Amro peut à nouveau voler de ses propres ailes. L’introduction en Bourse est d’ailleurs le parachèvement du sauvetage de la banque.

L’Etat néerlandais profite de l’opération pour commencer à céder ses 20% de la banque, en levant 3 milliards d’euros. Un dégagement qui sera progressif à priori selon les opportunités de marché. Mais avec une valorisation de 17 milliards d’euros, la grande banque est à nouveau sur pied, et l’opération est un succès. Le titre a gagné plus de 2% à l’ouverture des marchés ce matin.

Antoine Larigaudrie