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Quand Wall Street ne veut plus croire au "miracle Apple"

Petit événement sur les marchés américains: Apple est désormais en "Bear Market". Le titre recule de 20% depuis ses derniers plus hauts de juillet, et perd 0,8% depuis le début de l’année. La Bourse est-elle en train de jouer l’hypothèse d’une véritable panne de croissance pour la 1ère entreprise du monde?

2015 sera vraiment l’année du coup d’arrêt pour le titre Apple en bourse. Après avoir accumulé une croissance spectaculaire, +41% sur 3 ans, +130 sur 5 ans et plus de 900% sur 10 ans, Apple semble plafonner. Wall Street a régulièrement des phases d’"Apple-Bashing", où les boursiers sanctionnent le titre à la faveur de quelques déceptions en matière de chiffres, ou quand Apple ne pulvérise pas assez les prévisions de bénéfices ou de ventes à leur goût… Généralement, ces petites sanctions boursières sont l’occasion rêvée d’acheter le titre.

Un changement de sentiment profond

Même vendredi, une note d’analyste s’alarmait des perspectives de ventes d’iPhone, le cheval de bataille du groupe, prédisant même une baisse l’année prochaine. Une analyse qui vient contredire les dernières prévisions encore spectaculaires à ce sujet révélées par Tim Cook lors de la parution des derniers résultats trimestriels.

Mais là, le sentiment autour d’Apple semble être en train de changer durablement et de manière plus profonde. Finie l’époque où le titre était une sorte de mélange entre valeur de rendement et de croissance, dotée d’un potentiel de progression quasi-infini.

Un poumon économique mondial

C’est avant tout le prix à payer pour Apple pour devenir un des poumons macro-économiques du monde, à l’égal des General Electric ou des Saudi Aramco. Apple n’est plus de la simple High-Tech de luxe, mais un pilier de l’économie mondiale, dont dépendent un tissu industriel riche et un écosystème de dimension planétaire, dont une grande partie à Taiwan.

Selon les analystes du Credit Suisse, de 3,5 à 5,2% du PIB de Taïwan est directement lié à Apple, via l’activité des sous-traitants électroniques du groupe, dont l’immense Foxconn, et leur contribution à la valeur ajoutée de chaque produit.

Apple à la traîne des "GAFA" 

On est donc face à une multinationale qui constitue un ensemble lourd et complexe, une industrie avec ses problématiques propres comme toute grande société à vocation macro-économique. Et c’est peut-être cette prise de conscience des investisseurs qu’Apple subit en ce moment en bourse.

Un phénomène qui laisse la firme à la traîne des autres membres du club des "GAFA". Facebook gagne 33% depuis le début de l’année, Google 40%... et même Amazon, 114%!

L’ère de la maturité pour Apple?

Le tout avec une dimension moins industrielle sans doute, mais des perspectives de croissance qui pour l’instant semblent à l’abri de toute panne. 

Cette phase de stagnation est peut-être justement le prix à payer pour Apple pour s’affranchir totalement de son rôle de strict major de la high-tech, pour aller plus haut, peut-être moins vite, mais plus sûrement, vers de nouveaux sommets, avec le statut de puissance économique et industrielle en tant que telle.

Antoine Larigaudrie