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Ralentissement chinois: les grandes banques appellent au calme

Malgré les turbulences boursières de cet été, la crainte de voir la Chine provoquer des dégâts collatéraux sur les grandes économies sont surévalués, selon JPMorgan, GoldmanSachs et la Deutsche Bank.

Malgré les turbulences boursières de cet été, la crainte de voir la Chine provoquer des dégâts collatéraux sur les grandes économies sont surévalués, selon JPMorgan, GoldmanSachs et la Deutsche Bank. - Johannes Eisele - AFP

JPMorgan, Deutsche Bank et Goldman Sachs mettent en garde contre un excès de pessimisme concernant la Chine, et notamment une mauvaise perception de l’impact que peut avoir le ralentissement chinois sur les autres grandes économies mondiales.

Halte à l’hystérie autour de la Chine ! C’est le message principal des grandes banques d’affaires ces derniers jours dans leurs dernières études, et plus précisément en ce qui concerne l'impact du ralentissement chinois sur les économies des grands pays développés.

On a là l’un des principaux arguments qui a expliqué la grande peur de cet été, les turbulences boursières que l’on sait, et les centaines de milliards de dollars de capitaux qui ont été retirés de Chine et du reste des économies émergentes dans le sillage.

Craintes exagérées

Mais les calculs des grandes banques d’affaires sont loin de recouper les projections catastrophiques de cet été. Les économistes de JPMorgan par exemple estiment que pour 1% de croissance de perdu en Chine, l'impact négatif sur l'ensemble des grandes économies mondiales n'est que de 0,2%.

Il y a certes des ondes de choc de cette économie qui ralentit plus ou moins brutalement, mais qui reste du côté des 6-7% de croissance annuelle, mais d’une part ce dernier chiffre reste considérable, et sans doute les marchés ont-ils tendance à l’oublier un peu, et d’autre part tout cela ne doit pas faire oublier des supports positifs, et donc de vraies raisons de garder son calme.

Supports positifs nombreux

Tout d’abord des prix de l’énergie très modérés, selon les études le marché a là aussi à tendance à ne pas prendre suffisamment en compte que le baril de pétrole brut est moitié moins cher, comparé à l’année dernière, ce qui constitue un véritable booster pour l’ensemble des industries et des secteurs cycliques.

Ensuite des flux d'investissement qui partent vers d'autres destinations. Certes les pays émergents eux aussi subissent de très importantes sorties de capitaux, à un niveau historique, mais il y a toujours du cash qui tourne autour de la planète, dans d’autres zones géographiques, et qui y fructifie. Notamment dans des zones matures mais aux rendements intéressants comme l’Europe ou les Etats-Unis.

Risque réel d’impact sur les émergents

Et puis des exportations vers la Chine qui ne risquent pas de trop ralentir pour le moment. Malgré un niveau de demande toujours incertain il est vrai, 7% du PIB mondial dans tous les cas est exporté vers la Chine selon les analystes interrogés, et ce via des ventes de produits manufacturés déjà fabriqués. Donc pas de risque de se retrouver avec un manque à ce niveau-là. De quoi rester relativement optimiste.

Malgré tout il reste des risques bien réels. Une des grosses inquiétudes concerne d’éventuelles conséquences plus graves que prévues du ralentissement chinois sur l'ensemble des économies émergentes. Mais pour l'instant là aussi le phénomène semble vouloir rester contenu.

Le véritable ennemi, la peur elle-même

Mais l’autre vrai risque, et là les banquiers sont très clairs, serait une surévaluation du risque chinois justement lui-même, qui pourrait continuer à provoquer des turbulences sérieuses, comme celle qui a touché les bourses cet été, et provoquer une poursuite et une accélération incontrôlée de retraits de capitaux.

Avec à la clé des conséquences catastrophiques non seulement pour la Chine, mais pour l’ensemble des pays émergents dans le sillage, ainsi que les économies développées en bout de chaîne. Comme quoi, pour paraphraser John F. Kennedy, la seule peur de nature à faire basculer le marché sur ce dossier, pourrait bien être la peur elle-même.

Antoine Larigaudrie