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RECAP WEEK-END: Alstom poursuit sa "réflexion stratégique", le titre reste suspendu

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PARIS (Dow Jones)--Le groupe industriel Alstom (ALO.FR) a annoncé dimanche soir qu'il allait poursuivre sa "réflexion stratégique" sur son avenir et qu'il informerait le "marché d'ici à mercredi matin", alors que l'américain

PARIS (Dow Jones)--Le groupe industriel Alstom (ALO.FR) a annoncé dimanche soir qu'il allait poursuivre sa "réflexion stratégique" sur son avenir et qu'il informerait le "marché d'ici à mercredi matin", alors que l'américain General Electric (GE) et l'allemand Siemens (SIE.XE) convoitent ses activités dans l'énergie.

"Dans cette attente, la société a demandé que la cotation de son titre reste suspendue", a précisé Alstom dans un court communiqué. La cotation du titre Alstom avait été suspendue vendredi à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF), dans l'attente d'un communiqué du groupe industriel.

L'annonce d'Alstom est intervenue quelques heures après que le gouvernement français a prévenu qu'il n'accepterait pas qu'une "décision soit prise quelle qu'elle soit dans la précipitation", au sujet de l'avenir du groupe. Le gouvernement cherchait ainsi à freiner les négociations portant sur le rachat par General Electric des activités d'Alstom dans l'énergie, indiquant qu'il étudiait une alternative susceptible d'impliquer Siemens.

L'Elysée a de son côté indiqué dimanche soir que le président de la République, François Hollande, recevrait lundi à 09h30 le PDG de General Electric, Jeffrey Immelt.

Echange d'actifs proposé par Siemens

Les activités d'Alstom dans l'énergie incluent notamment les turbines de centrales électriques alimentées au charbon et au gaz naturel, ainsi que par des sources d'énergie renouvelable. Elles ont représenté 71% du chiffre d'affaires de l'industriel sur les neuf premiers mois de son exercice.

Dans un courrier adressé à la direction d'Alstom samedi qu'a pu lire le Wall Street Journal, Siemens a proposé une transaction réalisée en numéraire et par échange d'actifs en vue d'acquérir les divisions énergétiques regroupant les activités thermique, renouvelable et transmission d'Alstom. Siemens valorise ces activités entre 10 et 11 milliards d'euros.

Siemens a aussi proposé d'apporter à Alstom une part importante de ses actifs ferroviaires afin que le groupe français les fusionne avec ses activités dans les transports. L'industriel allemand s'est engagé à préserver les emplois en France pendant au moins trois ans. Un porte-parole d'Alstom n'a pas souhaité apporter de commentaire.

"Souveraineté économique"

Siemens a fait connaître une "autre proposition pour Alstom", a confirmé dimanche le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg. "Il s'agit de créer deux champions européens et mondiaux dans les domaines de l'énergie et du transport, l'un autour de Siemens et l'autre autour d'Alstom", a ajouté le ministre dans un communiqué.

"GE et Siemens sont deux investisseurs importants en France et des acteurs de premier plan au sein de notre tissu industriel national", a souligné Arnaud Montebourg. "Le gouvernement est prêt à examiner leurs projets avec le souci de préserver les intérêts de la base industrielle de la France et à y participer financièrement", a indiqué le ministre de l'Economie. "Il sera particulièrement ferme sur ses exigences de maintien et de créations d'emplois, d'investissements et de recherche-développement en France, ainsi que le maintien des centres de décision en France", a-t-il prévenu en soulignant que "GE et Alstom ont leur calendrier qui est celui d'actionnaires, mais [que] le gouvernement français a le sien qui est celui de la souveraineté économique".

Le résultat de ces négociations sera lourd de conséquences en France, où le gouvernement tente de sauver un fleuron industriel à nouveau en difficulté dix ans après avoir bénéficié d'un plan de sauvetage public.

Les enjeux sont aussi élevés pour le PDG de GE, Jeff Immelt: un accord avec Alstom a vocation à satisfaire les exigences des investisseurs qui demandent une meilleure rentabilité des activités industrielles du conglomérat. Or, en cas d'échec, l'un de ses concurrents pourrait ressortir renforcé.

GE et Alstom étaient proches d'un accord

GE était près de conclure un accord lorsque Siemens est intervenu dans le dossier Alstom. Jeff Immelt avait prévu de se rendre en France ce week-end dans l'espoir de sceller une transaction au début de cette semaine. Mais dès vendredi, Arnaud Montebourg a averti qu'il étudiait d'autres solutions pour qu'Alstom demeure entre les mains d'intérêts français. Le ministre a ensuite écrit à Jeff Immelt dimanche pour reporter un rendez-vous prévu entre eux et prévenir le PDG qu'un potentiel accord pourrait avoir à remplir des conditions imposées par Bercy.

"Toute possible transaction devra être minutieusement étudiée par le ministère, qui pourrait imposer des conditions à sa mise en oeuvre ou la refuser", a écrit Arnaud Montebourg dans une lettre qu'a pu lire le Wall Street Journal.

Deux offres, deux complémentarités

Siemens est un concurrent d'Asltom dans des domaines tels que les infrastructures de production et de transmission d'électricité, ainsi que les équipements de transport ferroviaire. Siemens est un acteur plus important qu'Alstom dans le domaine de l'électricité mais n'a pas le même accès au marché français. De son côté, l'activité d'Alstom est plus importante dans le secteur en croissance des trains à grande vitesse.

En tant qu'industriel à la technologie diversifiée, Alstom est depuis longtemps considéré comme un actif stratégique par les autorités françaises. Le gouvernement a déjà apporté son secours au groupe voilà dix ans et scindé certains de ses actifs, qui ont fini par être repris par des groupes étrangers. Au cours des dernières années, Alstom a rencontré des difficultés alors qu'en Europe, les sociétés de services aux collectivités ont procédé à des coupes dans leur budget en raison de la conjoncture pendant que la croissance des marchés émergents décélérait.

Acquérir les actifs d'Alstom dans l'énergie apporterait à GE de nouvelles activités dans les turbines de centrales électriques dans les marchés émergents ainsi qu'en Europe et permettrait au conglomérat américain de pénétrer le marché des équipements de transmission d'électricité, dans lequel il est peu présent.

Par ailleurs, les banquiers d'affaires étudient depuis longtemps un échange entre les actifs ferroviaires de Siemens et ceux d'Alstom dans l'énergie, bien qu'ils craignent qu'une telle transaction suscite une forte résistance de la part des responsables politiques et des syndicats en raison des réductions d'effectifs potentielles.

-Stacy Meichtry, David Gauthier-Villars et Andrea Thomas, The Wall Street Journal

(Version française Eric Chalmet)

(END) Dow Jones Newswires

April 28, 2014 01:27 ET (05:27 GMT)

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