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Restructuration de CGG: les actionnaires risquent de trinquer

CGG va restructurer sa dette (photo d'illustration)

CGG va restructurer sa dette (photo d'illustration) - Karen Bleier - AFP

Pour tenter de se relancer, CGG chercherait de l'argent frais. Une augmentation de capital, très dilutive pour les actionnaires, semble inévitable.

Comme révélé par BFM Business en novembre dernier, CGG n'échappera pas à une restructuration de sa dette. Il faut dire qu'avec un passif de 2,315 milliards de dollars, il était difficile d'imaginer un autre scénario. Dans un communiqué publié jeudi matin, la direction indiquait que "compte tenu de l'environnement de marché difficile, [CGG] a, à titre conservatoire, engagé des discussions dès le 9 décembre avec les différents prêteurs (crédits revolvers français et US, et Crédit Nordique) et ceux-ci ont donné leur accord le 31 décembre 2016 pour une non-application à cette date des covenants financiers (ratio d'endettement maximal et ratio minimal de couverture des intérêts financiers)."

Le parapétrolier a ainsi convenu d’une suspension de ses covenants bancaires avec ses créanciers dans le but de réduire le niveau de sa dette et de ses charges financières. Une annonce qui a été forcément mal accueillie par les investisseurs, qui craignent une nouvelle recapitalisation. L'action du parapétrolier a cédé plus de 20% au plus bas de la séance, touchant à cette occasion un plus bas historique à 10,95 euros.

Une levée de fonds "inévitable"

Malgré l'augmentation de capital de 350 millions d’euros réalisée début 2016, la société est donc toujours à la recherche d'argent frais. Ce qui laisse penser qu'une nouvelle levée de fonds semble inévitable. Les analystes de Portzamparc estiment qu’une augmentation de capital de 500 millions d’euros au prix de 5 euros par action pourrait être réalisée (soit une décote de 65% sur le cours de clôture d'hier). Une opération qui serait désastreuse pour les actionnaires alors qu'ils ont déjà vu leurs actions chuter de près de 70% en 2016.

Mais ils ne devraient pas être les seuls à pâtir de cette situation puisque les créanciers du groupe pourraient également faire des sacrifices. "Il n'est pas exclu que les créanciers concèdent un abandon partiel de dettes (sur les 1,670 milliard de dollars qui composent les crédits revolvers français et US et le Crédit Nordique) et/ou une réduction des taux d'intérêts", écrit encore le courtier.

Des comptes toujours très dégradés

Si un refinancement semble inéluctable, c'est que les comptes de CGG sont dans le rouge vif. Sur le seul troisième trimestre, le chiffre d'affaires a chuté de 44% à 264 millions de dollars tandis que le résultat opérationnel est passé en territoire négatif, à -38,9 millions de dollars, contre 4,3 millions un an plus tôt. Et l'avenir ne semble pas plus radieux.

"Alors que nous attendions début 2016 l'amélioration de certaines de nos activités pour 2017, et tandis que nos clients sont encore en phase de planification budgétaire, nos dernières discussions nous laissent à penser que notre marché devrait rester, en 2017, très similaire à 2016", prévenait d'ailleurs Jean-Georges Malcor, le directeur général, à l'occasion de cette publication. 

Même un rachat semble difficile

Au bord du gouffre, CGG pourrait peut-être intéresser certaines "big oil". Car avec une valorisation de seulement 270 millions d'euros, des majeurs du secteur pourraient en profiter pour mettre la main sur les actifs de la société (navires) à un prix dérisoire. 

Toutefois, la dette de plus de 2 milliards pourrait effrayer plus d'un acquéreur. Et pas sûr également que l’État, qui à travers Bpifrance détient 10% du capital, soit enclin à céder sa participation acquise en début d'année lors de l'augmentation de capital. D'autant plus qu'une vente d'un "ex-joyau" de l’or noir renverrait, à coups sûr, une mauvaise image auprès de l'opinion publique.