BFM Patrimoine
Placements

La revalorisation du SMIC, une procédure complexe

-

- - -

Le gouvernement doit procéder à une revalorisation du SMIC au 1er janvier. La procédure est longue et complexe.

En effet. Elle a été réformée en février dernier pour la rendre la plus objective possible et lui donner un aspect négocié. C’est Nicolas Sarkozy qui avait initié cette nouvelle orientation. Concrètement un groupe de 5 experts fait des propositions au gouvernement. Ce sont ces propositions qui sont sur la table. Elles s’expriment en deux volets. On commence par une évaluation de la hausse qui assure le maintien du pouvoir d’achat du SMIC, qui est la hausse minimale à prévoir. Elle est calculée compte tenu non seulement de l’inflation que mesure l’Insee, mais aussi de la structure spécifique de consommation des personnes disposant d’un faible revenu. Ainsi, l’indice général d’inflation est de l,1% ; celui correspondant aux faibles revenus est de 1,4%, du fait de l’évolution des prix des produits alimentaires. On complète par une proposition de « coup de pouce » c'est-à-dire d’augmentation éventuelle du pouvoir d’achat. Une fois la proposition des experts connue, les syndicats doivent se prononcer. Puis le gouvernement tranche.

Nous en sommes donc au début, à l

Ils proposent de s’en tenir au 1,4% qui sont le minimum prévu par les textes. Cela représente une augmentation de 16 euros par mois. Leur argument est que le SMIC français est un des plus élevés au monde. On peut en effet constater que 90% des salariés de la planète gagnent moins que le SMIC français. C’est l’argument habituel mis en avant en disant que notre économie manque de compétitivité et qu’il faut contenir les salaires, soit en réduisant les charges sociales, soit en limitant toute forme de hausses des salaires.

Est-ce vrai ?

C’est une présentation abusive de la réalité. Les salaires doivent s’apprécier non par comparaison avec ceux des autres pays, mais en comparaison avec l’efficacité du travail fourni, ce que l’on appelle la productivité. Et en France, cette productivité est élevée. En outre, quand on voit la réalité du niveau de vie des gens qui gagnent le SMIC, on a du mal à dire qu’ils gagnent trop. Cela illustre la difficulté née du rôle économique des salaires. Comme revenu, les bas salaires sont trop faibles ; comme coût, ils sont élevés. En fait, il faudrait baisser les autres coûts des entreprises, notamment les impôts. S’il y a une masse salariale à réduire, ce n’est pas celle que perçoivent les SMICards, mais celle de la fonction publique qui est clairement pléthorique. Revalorisons dignement le SMIC, augmentons la prime pour l’emploi et réduisons les autres coûts et les autres contraintes que l’Etat impose aux entreprises.

Jean-Marc Daniel