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Saint-Gobain: condamnation confirmée pour l’ex-patron de Wendel

Jean-Bernard Lafonta, l'ancien président du directoire de Wendel, a été sanctionné pour avoir organisé une montée au capital de Saint-Gobain de manière illégale.

Jean-Bernard Lafonta, l'ancien président du directoire de Wendel, a été sanctionné pour avoir organisé une montée au capital de Saint-Gobain de manière illégale. - Eric Piermont - AFP

La Cour de justice européenne a donné tort à Jean-Bernard Lafonta, condamné à 1,5 million d’euros d’amende. L’ancien dirigeant de Wendel avait été sanctionné pour être monté au capital de Saint-Gobain de manière illégale. Explications.

Considéré à l’époque comme un stratège de la finance, Jean-Bernard Lafonta a bien dépassé les bornes. C’est en tout cas ce qu’a assuré mercredi la Cour de justice européenne, qui a confirmé l’amende de 1,5 million d’euros infligée à l’ancien directeur général de Wendel.

Les faits remontent à 2007, alors que la société d’investissement cherche à investir dans le groupe Saint-Gobain. Problème: en théorie, tout investisseur montant au capital d’une entreprise est dans l’obligation de le déclarer quand il dépasse un seuil de 5%. Une telle déclaration révèle en effet a tous l’intérêt de l’investisseur et fait bien souvent flamber le cours de la société cible.

Pour éviter cela, Wendel a décide d’investir dans Saint-Gobain de manière secrète. Jean-Bernard Lafonta met alors en place un montage financier complexe, afin de ne pas éveiller l’attention de ses dirigeants. Le principe: mandater des banques pour acquérir chacune discrètement une partie du capital de Saint Gobain, via des "total return swaps" - des produits dérivés permettant à Wendel de voir son investissement financé par les établissements bancaires, tout en leur garantissant un certain rendement.

Cachoteries aux banques

Mieux, Wendel a réparti son investissement global entre quatre établissements pour que chacun reste sous les 5%. Sans que ceux-ci sachent que la société avait noué les mêmes types de partenariats avec leurs concurrents. Lorsque les dirigeants de Saint-Gobain apprennent qu’une banque a pris 5% du capital, ils se doutent ainsi que Wendel et Jean-Bernard Lafonta ne sont pas étrangers à l’affaire. Ils posent la question à Lafonta, qui nie toute implication. Au total, entre le 10 septembre et le 27 novembre 2007, Wendel aura pourtant acheté en bourse 17,6% du capital de Saint-Gobain, pour environ 4,5 milliards d’euros.

Intriguée, l’Autorité des marchés financiers ouvre alors une enquête, qui conclut à l’illégalité de la manœuvre de Wendel. Et condamne le groupe ainsi que Jean-Bernard Lafonta à une amende de 1,5 million d’euros chacun. Une décision qui, après avoir été confirmée en appel, est actuellement examinée par la Cour de cassation. Laquelle a sollicité l’avis de la Cour de justice européenne, qui vient donc de débouter l’ex-président du directoire de Wendel.

Sauf surprise, la Cour de cassation devrait donc maintenant condamner définitivement Jean-Bernard Lafonta. De leur côté Wendel et Saint-Gobain ont enfin enterré la hache de guerre en 2011. Aujourd’hui, la société est néanmoins l’actionnaire principal de Saint-Gobain, prouvant ainsi que l’opération, bien qu’illégale, n’était pas vaine.

Yann Duvert