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Banques: l'inquiétante analyse du patron de BPCE

François Pérol, patron de BPCE, s'alarme d'une situation qui, à certains égards, peut paraître pire que celle que le secteur bancaire a dû traverser en 2009.

François Pérol, patron de BPCE, s'alarme d'une situation qui, à certains égards, peut paraître pire que celle que le secteur bancaire a dû traverser en 2009. - Bernard Guay - AFP

"Il était devenu rare d’entendre des propos aussi forts de la part d’un grand acteur du monde bancaire. Mais le patron de BPCE, François Pérol, a ravivé ce week-end des inquiétudes de long terme sur l’ensemble d’un secteur qu’il estime aux prises avec ses pires difficultés depuis la dernière crise."

En marge d’un forum économique en Italie, François Pérol, le patron de Banque Populaire – Caisse d’Epargne, a déclaré ce week-end qu’à "certains égards", il s'inquiétait beaucoup plus de la conjoncture autour du secteur bancaire telle qu’elle est en ce moment, que ce qu’on a pu connaître en 2009.

Une révolution à mener

"C'est une situation plus difficile pour les banques en ce moment" dit-il, "car elles vivent des transformations fondamentales, dans un environnement rendu incroyablement difficile par l'environnement de taux négatifs", sans compter "les incertitudes liées aux évolutions réglementaires en matière de fonds propres".

L’ensemble du secteur financier européen est en effet aux prises avec une véritable révolution structurelle. Manque de rentabilité des activités de marché, volatilité, émergence des Fintech… les défis sont grands sur les années à venir.

Le problème des taux négatifs

Et tout cela va entraîner une poursuite du processus actuel de restructuration, de réduction de taille dans certaines branches, comme le détail ou la banque de financement et d’investissement, et de réduction des coûts de fonctionnement.

Mais l’univers de taux négatifs rend la démarche très complexe, car le rendement reste à la base de la plupart des activités de prêt. Et cela oblige les banques à totalement revoir leur modèle industriel pour s’y adapter et continuer à trouver des sources de rentabilité.

Le risque italien

Le tout au milieu d’une conjoncture réglementaire très mouvante. Malgré la mise en place des normes comptables Bâle 3, les autorités bancaires demandent aux banques des coussins de sécurité toujours plus importants en matière de fonds propres, pour parer à toute éventualité. Avec également la prise de risque la plus réduite possible face aux risques de marchés.

Il ne faut pas oublier que la déclaration a été faite en Italie, pays qui abrite le secteur bancaire le plus fragile d’Europe. Les fusions et les regroupements entre établissements en difficulté se multiplient. Et le gouvernement est en train de mettre en place un fonds de soutien pour leur venir en aide.

Contradictions conjoncturelles

Car le système bancaire italien est aux prises avec une crise sans précédent qui a laminé beaucoup de ses très grandes enseignes. Et le point central est l’importance dans leurs bilans de créances douteuses, de crédits de mauvaise qualité, à des clients à la solvabilité clairement en question.

Mais au-delà, on sent que le risque à long terme est plus grand, à savoir celui de devoir mener une véritable révolution structurelle, le tout dans des conditions de marché de plus en plus difficiles, et même contradictoires avec le cœur du métier bancaire.

Antoine Larigaudrie