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Thales: l'affaire Mistral, risque à long terme selon Exane.

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(CercleFinance.com) - Exane BNP Paribas se penche ce matin sur le dossier du spécialiste français de l'électronique et de la défense Thales après que l'Etat français ait décidé, hier, de reporter la livraison du premier des navires militaires

(CercleFinance.com) - Exane BNP Paribas se penche ce matin sur le dossier du spécialiste français de l'électronique et de la défense Thales après que l'Etat français ait décidé, hier, de reporter la livraison du premier des navires militaires BPC dits Mistral commandés par la Russie. Via sa participation de 35% au capital de DCNS, Thales est exposé à ce dossier. Certes, à court terme, le risque financier est jugé “négligeable” en raison des garanties apportées par l'Etat. Exane a ainsi confirmé son conseil positif de 'surperformance' sur l'action Thales, ainsi que son objectif de cours de 58 euros. Mais à long terme, l'éventuelle remise en cause de la crédibilité de la France en tant que fournisseur d'équipements militaires pourrait gêner la stratégie de Thales.

A la Bourse de Paris ce matin, l'action Thales se tasse de 0,7% à 42,8 euros, quand l'indice CAC 40 cède 0,3%.

Hier soir, à l'issue d'un conseil restreint de défense, la présidence de la République française a indiqué qu'en raison de la gravité de la situation en Ukraine et des 'actions menées récemment par la Russie dans l'Est' de ce pays, 'les conditions pour que la France autorise la livraison du premier BPC ne sont pas à ce jour réunies'.

Exane évoque 'une décision surprise' de la France, qui a ainsi cédé aux pressions de ses alliés. Rappelons que les deux navires commandés par la Russie aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire, qui techniquement répondent à l'acronyme de Bâtiment de projection et de commandement (BPC, ce qui en fait grosso modo des porte-hélicoptères d'assaut amphibie), représentent un marché de 1,2 milliard d'euros. Le premier des deux BPC devait être livré en en octobre 2014, et le second en novembre 2015.

Certes, Exane constate que le contrat n'est pas annulé à ce stade, mais qu'il s'agit d'un décalage de livraison. 'Certaines sources indiquent que la France aurait l'intention de reporter d'un mois la date initiale de livraison', rapporte Exane, qui ajoute qu'il s'agit sans doute d'une “posture” de la part de Paris, alors qu'un sommet de l'OTAN se tient actuellement au Pays de Galles.

En tout état de cause, même par l'entremise de sa participation dans DNCS, associée à la construction des BPC en tant que co-contractant, Thales est peu exposé aux BPC russes. Exane évoque un risque 'négligeable', 'même si le contrat (russe) devait être annulé'.

En effet, 'comme c'est souvent le cas, l'Etat français a accordé à DCNS une garantie couvrant le risque politique', indique Exane. Si le contrat devait être annulé, la garantie couvrirait 'une large partie' des coûts afférents, et Exane estime que pour Thales, l'impact serait limité à 1% environ de son résultat d'exploitation.

Mais comme l'ajoute le bureau d'études, 'le véritable enjeu de cette affaire est la crédibilité (de la France) auprès de ses clients à l'exportation' : en effet, dans les marchés émergents, la capacité d'un fournisseur militaire à maintenir des relations avec son client après la livraison de l'équipement initial (pour fournir des services de maintenance, des pièces détachées, des mises à niveau, etc.) est 'critique'. Les analystes en veulent pour preuve la faiblesse de l'industrie de défense américaine en Inde actuellement, après l'embargo sur les équipements de défense dans les années 90.

A l'inverse, 'l'image de la France en tant que fournisseur de matériel militaire fiable était jusqu'alors sans tache, tout spécialement en Inde', indique Exane. Et ce alors que Thales joue un rôle dans l'éventuel contrat Rafale en Inde, sans oublier d'importants marchés en Arabie saoudite.

Et la note de recherche d'Exane de conclure : 'une érosion de la crédibilité et de l'image de fiabilité de la France pourrait contrarier la stratégie de relance de la croissance organique de Thales, qui repose en bonne partie sur des contrats dans les pays émergents'.

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