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Un trader écossais triche grâce à Twitter et gagne... 97 dollars

Les marchés sont de plus en plus sensibles aux réseaux sociaux (image d'illustration)

Les marchés sont de plus en plus sensibles aux réseaux sociaux (image d'illustration) - Spencer Platt - Getty Images North America - AFP

Dans un communiqué publié jeudi 5 novembre, la SEC, le gendarme américain de la Bourse accuse de fraude James Alan Craig, un trader écossais qui avait utilisé des tweets sous de faux comptes pour faire artificiellement baisser les cours de deux entreprises. Ce qui lui a fait gagner 97 dollars!

Les réseaux sociaux sont aujourd'hui presque autant scrutés par les marchés que les agences de presse. On se souvient ainsi qu'en 2013, un faux tweet de l'agence AP annonçant une explosion à la Maison Blanche avec Barack Obama blessé avait ainsi fait plonger brièvement Wall Street.

Une nouvelle péripétie révélée jeudi 5 novembre par la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain) révèle un peu plus la force de Twitter. Dans un communiqué, la SEC annonce poursuivre pour fraude un trader écossais de 62 ans nommé James Alan Craig. Celui-ci a utilisé de faux tweets sur des comptes fantômes pour faire plonger les cours de bourses de deux sociétés cotées. Et derrière, le trader spéculait à la baisse sur ces valeurs.

La première victime a été la société Audience, spécialisée dans la technologie sonore pour les mobiles. Le 29 janvier 2013, James Alan Craig utilise un compte Twitter qui, volontairement, ressemble fortement à celui de la société de courtage Muddy Waters. Il utilise le même logo que le compte de cette entreprise, et publie alors une série de tweets indiquant qu'Audience fait alors l'objet d'une enquête judiciaire. Résultat des courses: l'action dégringole de 28% sur le Nasdaq, avant de vite revenir à son niveau d'origine, une fois que tout le monde a compris que les informations révélés étaient fausses.

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Le lendemain, le 30 janvier, rebelote. Le mode opératoire est sensiblement le même. Seules changent la victime, cette fois Sarepta Therapeutics (pharmacie), et la société de courtage dont l'identité est usurpée: Citron Research. Sarepta s'en tire avec une baisse de 16%. Là encore, le cours reviendra très vite à son niveau d'origine.

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Combien est-ce que cela a rapporté à James Alan Craig? Rien, quasiment rien si l'on en croit la plainte de la SEC: à peine 100 malheureux dollars. Le trader "a attendu trop longtemps à chaque fois pour revendre l'action", explique l'autorité dans les documents. Il a donc non seulement triché, mais a mal triché. Dans le détail, la première opération lui a rapporté 9 dollars et la deuxième 88 dollars.

Un trader qui se vante de sa fraude

D'autant plus regrettable que Craig n'a rien trouvé de mieux que de se vanter de ses actions. En utilisant cette fois ses deux vrais comptes (@dunragit et @Hedgeye AC, désormais introuvables), il orchestre un dialogue dans lequel il affirme que les coupables de ces deux opérations seront "durs à attraper". Une façon de narguer les autorités américaines qui n'aiment généralement pas trop ça.

Et après cela, Craig tente un dernier coup en s'attaquant à l'entreprise ISRG, cette fois sans succès.

Des petits jeux qui, à défaut de lui avoir rapporté gros, ont coûté cher à Audience et Sarepta: 1,5 million de dollars à elles deux, selon la SEC. Cette dernière a ainsi requis que Craig rembourse ses gains (ce qu'il ne devrait pas avoir trop de mal à faire) et soit condamné à payer une amende dont le montant peut aller, selon la loi américaine, jusqu'à 500.000 dollars, selon les circonstances exactes.