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Toyota-Uber, VW-Gett, Apple-Didi,... pourquoi les VTC séduisent tant 

Lui-même développeur de technologies comme celles liées à l'automobile connectée, Uber a décidé de lier son avenir au constructeur japonais Toyota.

Lui-même développeur de technologies comme celles liées à l'automobile connectée, Uber a décidé de lier son avenir au constructeur japonais Toyota. - Uber - AFP

"En moins de 15 jours, trois acteurs majeurs de l’économie mondiale ont décidé d’investir massivement dans le secteur des VTC. Cette soudaine frénésie est-elle amenée à perdurer dans le temps? Eléments de réponse."

Quand l'un des groupes privés les plus puissants du monde fait un pas dans une direction, l’électrochoc peut être de nature à changer la donne radicalement pour tout un secteur d’activité. C’est en cela que la décision d’Apple, le 13 mai dernier, d’investir 1 milliard de dollars dans Didi Chuxing, concurrent chinois d’Uber, prend tout son sens et force ses concurrents à réagir.

La riposte du secteur automobile

Cela n’a d'ailleurs pas tardé. Ces dernières 24 heures, les deux plus gros constructeurs automobiles du monde ont eux aussi décidé d’ouvrir leur portefeuille, et d’investir dans ce même secteur. Volkswagen a ainsi misé 300 millions d’euros dans Gett, une start-up israélienne du VTC, affichant une croissance exponentielle -elle est valorisée entre 500 millions et 2 milliards de dollars!

De plus, cette jeune entreprise n’a rien d’une "Licorne" au modèle économique incertain, puisque Gett est présent dans 50 villes d’Israël, et est même bénéficiaire dans certaines d’entre elles. Elle pourrait même à terme devenir la société la plus rentable de tout le secteur. 

Avec cet investissement, Volkswagen paraît vouloir créer rapidement, et au sein d'une structure puissante, tout un pôle d’activités de "mobilité intégrée", réunissant le VTC, mais aussi la recherche en systèmes d’aide active à la conduite, de voiture autonome, d’auto connectée, ainsi que toutes les activités d’avenir.

Objectif: devenir en moins de 10 ans le leader mondial de la fourniture des "systèmes de mobilité". Cette dénomination en dit long sur les intentions du numéro 1 européen de l'industrie automobile. Et, accessoirement, elle permet de mettre en avant un nouvel axe de développement, de nature à tourner la page du scandale des tricheries sur le niveau réel des émissions polluantes de ses voitures…

Toyota entre en scène

Mais la réaction ne s’est pas fait attendre. Toyota a dégainé dans la foulée. Le numéro 1 mondial de l’automobile a annoncé ni plus ni moins qu'un accord avec le leader incontesté du VTC, Uber. Toyota va fournir à Uber des véhicules, que les chauffeurs pourront acquérir via des systèmes de location-vente avantageux et souples.

Même si ces deux partenaires n'ont dévoilé aucun élément financier quant à aux modalités et à l'ampleur de leur accord, l’objectif est, sans aucun doute, ambitieux. Il s'agit en premier lieu de mettre en place une alliance concrète, qui passera aussi bien par un partage des savoirs dans le domaine de l’automobile que par le développement d’applications et de solutions technologiques de pointe.

Mais c'est General Motors qui a tiré le premier en annonçant, au tout début de l’année, un investissement de 500 millions de dollars dans Lyft, le principal concurrent d’Uber. Sans oublier l’alliance plus modeste, mais néanmoins la première du genre, entre Daimler et Ridescout, il y a 2 ans.

Du côté des observateurs, les avis sont assez partagés. Les sommes déboursées pour ces opérations sont certes suffisamment conséquentes pour créer ou, plutôt, stimuler tout un pan d’activité, mais, pour le moment, elles restent très annexes dans la stratégie de groupes qui restent concentrés sur leur métier d’origine.

Mutation nécessaire et vitale 

Pourtant, la vitesse à laquelle évoluent les technologies obligent les grands acteurs à accélérer la marche. Car à l'instar de la finance et la banque avec les fintech, le secteur automobile n'échappera pas à cette restructuration majeure qu'engendrera le développement de nouvelles solutions technologiques de conduite, de partage et d’usage.

Ces géants historiques de l'industrie en seront les témoins et les acteurs principaux. Et aucun acteur de poids, de la high-tech ou de l’automobile, ne peux décemment envisager de poursuivre durablement ses opérations ces 20 prochaines années sans d’adapter et se renforcer dans cette direction.

Antoine Larigaudrie