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Wall Street:une euphorie qui en dit long sur le 'marché' US

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(CercleFinance.com) - Plus instructif que les scores de folie affichés par les indices US à la clôture (+2,5% en moyenne, avec 95% de titres en hausse, plus forte hausse du 'S&P' en 500 séances de bourse, +700Pts sur le Dow Jones et plus fort

(CercleFinance.com) - Plus instructif que les scores de folie affichés par les indices US à la clôture (+2,5% en moyenne, avec 95% de titres en hausse, plus forte hausse du 'S&P' en 500 séances de bourse, +700Pts sur le Dow Jones et plus forte hausse en 48H depuis 3 ans), il fallait entendre les premiers commentaires à la clôture des marchés US sur les 'networks' américains, avec des professionnels hilares, se gaussant des pauvres idiots qui n'avaient pas payé le marché en début de semaine et qui doivent 'courir après le papier'.

Petit florilèges des 'perles' entendues entre 22H et 22H15 (tout ce qui va suivre semble caricatural mais est parfaitement authentique): 'quel incroyable rallye, Janet Yellen a su trouver le ton juste, la baisse du pétrole crée des circonstances fantastiquement favorables pour les consommateurs, une fête boursière à la hauteur d'une Amérique qui affiche des résultats splendides en matière de croissance, de créations d'emplois'.

Ou encore : les investisseurs ne savent plus quoi faire de l'argent tant les perspectives sont 'excitantes' du fait de la 'patience' revendiquée par la FED'... le tout enrobé d'un déluge de superlatifs, plus 'bullish' les uns que les autres, sans oublier l'imparable 'il n'y a définitivement pas d'alternative aux actions: elles pourraient valoir 20% de plus et ne seraient toujours pas chères en regard de taux d'intérêts nuls... où même négatifs en Suisse depuis ce matin'.

Moins de 48H auparavant et selon les mêmes intervenants, le marché avait toutes les raisons de s'inquiéter de la crise russe, du ralentissement de l'activité en Chine, de chiffres américains qui trahissent des faiblesses sous jacentes (immobilier, production industrielle), des multiples élevés du fait d'attentes irréalisables en terme de CAPEX.

Sans oublier les menaces pesant sur le 'high yield' du fait du surendettement de producteurs de pétrole de schistes potentiellement acculés à la faillite si le pétrole stagne durablement sous les 70$/baril... comme semblait l'anticiper Vladimir Poutine ce matin (il a animé une conférence de presse de 3 heures) et surtout l'Arabie Saoudite à la mi-journée (un officiel déclarant qu'elle n'a aucune intention de réduire sa production à court ou moyen terme).

Aucune des problématiques évoqués ci-dessus ne sont résolues, absolument aucune (le pétrole rechute ce soir de -3,5% vers 54,5$)... mais la psychologie de Wall Street a basculé en mode 'euphorie': ce sont bien les cours de bourse qui dictent le discours des médias et des professionnels, pas la réalité de terrain... et la FED le sait, et elle en joue sans vergogne depuis 2010.

D'où ce chef d'oeuvre de communiqué publié par mercredi soir et qui va au devant de la moindre des attentes des investisseurs pour justifier d'arracher les indices boursiers à la hausse à la veille des '4 sorcières': si Wall Street avait gagné +5% ce jeudi soir et renoué avec ses records annuels, 90% des opérateurs auraient trouvé ce scénario normal tant l'année 2015 va être 'fantastique' !

Et si les cours de bourse reviennent au zénith, c'est que les épargnants sont prétendument confiants et sont convaincus qu'un avenir radieux se profile... alors que la hausse de Wall Street se fait sans eux, à coup de stratégies algorithmiques et d'achats tactiques des professionnels eux-mêmes, pour doper les performances trimestrielles de leurs fonds, dans une optique ultra-court-termiste (ce vendredi, c'est la journée des '4 sorcières').

Aucun recul, aucun sens critique: les cours de bourse dictent ce que l'Amérique doit penser, la réalité de terrain devient une dimension de plus en plus subalterne, souvent parasite et donc à passer sous silence. Ou mieux: à réinterpréter 'dans le sens qui convient'.

Wall Street devient cliniquement 'bipolaire', passant de la déprime (justifiée par des faits concret) à des phases d'exaltation maniaques (provenant de l'opium monétaire des banques centrales et d' attentes démesurées concernant le rendement des actions, alimentée par une surenchère permanentes des analystes depuis fin octobre).

Si l'on s'en tient aux chiffres du jour, il n'y a avait même pas de quoi justifier un gain marginal des indices US: le flash PMI des 'services' ralentit en novembre (de 56,2 vers 53,6) et induit une croissance sous-jacente de seulement +2%.

Ce chiffre a été publié à 14H30 mais il n'a suscité aucun commentaire: il n'était pas bon, alors il a été totalement passé sous silence par toutes les agences de presse US.
Cela en dit long sur la façon dont les médias US manipulent l'opinion en ne présentant qu'une seule version -idyllique- de la réalité.

Dans la même veine, l'indice de la Fed de Philadelphie pour le mois en cours est ressorti à 24,5 points, soit un fort recul de 16,3 points d'un mois sur l'autre et alors que les économistes tablaient sur 26 points... là encore, quasiment aucun commentaire, où alors 'c'était grosso-modo attendu, la tendance de fond reste bullish, c'est tout ce qui compte'.

Le Département du Travail a recensé 289.000 nouveaux inscrits au chômage lors de la semaine close le 13 décembre, après 295.000 (chiffre révisé de 294.000) et contre environ 292.000 attendus, tandis que l'indicateur avancé du Conference Board pour novembre a augmenté de 0,6% le mois dernier, soit 0,1 point de plus qu'anticipé (un bon chiffre abondamment commenté, celui-là !).
Et pour finir, aucun questionnement sur les profondes divergences entre membres de la FED concernant le calendrier de la 'normalisation' de la politique monétaire : là encore, il s'agit de faits concrets et incontestables, que chacun peut découvrir en lisant le communiqué publié la veille.
Tous les collègues de Janet Yellen ne sont pas d'avis qu'il convient de rester 'patient' avant de relever les taux (la FED aurait déjà dû s'y atteler), mais les plus optimistes affirment que ce ne sera pas d'actualité avant fin 2015.

Côté actions, comme il n'y avait que des hausses en clôture, retenons les hausses les plus marquantes (les achats les plus intensifs): Oracle +10%, Biogen +6,3%, Tesla +6%, Netapp +4,6%, Seagate +4,5%, Teradata +4,1%, Microsoft +3,8%, Cisco +3,15, Facebook +3%, Apple +2,9%.

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