Le marché des hôtes d'accueil croît de 6% par an
L'activité des hôtes et hôtesses d’accueil croît de 6% par an, selon un livre blanc publié par son syndicat professionnel, le SNPA (Syndicat national des prestataires de services d’accueil, d’animation et de promotion). Le marché, estimé à 440 millions d'euros en 2014, représente donc un potentiel de 1,2 à 1,6 milliard d'euros, selon le livre blanc. Les trois leaders du marché, Armonia, Pénélope et City One, représentent environ 70% du marché.
Cette croissance est portée par l’externalisation croissante des métiers d’accueil. En face, cela offre un petit boulot à des jeunes confrontés aux difficultés du marché de l’emploi. "Ces postes sont occupés en général par des étudiants ou des artistes d’une vingtaine d’années, qui complètent ainsi leurs maigres revenus", raconte Wanda, chef hôtesse qui ne parvient pas à vivre uniquement de la composition de musique. Elle y voit plusieurs avantages: "les exigences des agences sont réduites: aucun diplôme n’est demandé, il faut juste bien présenter et bien s’exprimer. Cela laisse pas mal de temps libre. Mais le risque et de s’installer dans une sorte de confort, dans une routine, et donc de perdre sa motivation pour le métier qu’on a vraiment envie de faire". Même son de cloche chez Whitney, qui se lance dans des études de gestion: "c'est idéal pour des étudiants avec peu ou pas d'expérience. Car j'ai postulé à beaucoup d'autres petits boulots sans être pris. Et c'est assez souple en termes d'horaires: on accepte les missions quand ça nous arrange. Certains événements permettent aussi d'approcher des gens célèbres, ou de faire plaisir aux gens, comme distribuer des chocolats aux passants dans la rue".
Ces emplois sont en général payés à la mission (une journée voire quelques heures), et pas très cher. "L’agence qui nous emploie paye 9,5 euros de l’heure, et 12,5 euros la nuit", indiquent Erica et Cyrielle, étudiantes en école de commerce. "J’ai été payé 65 euros pour 11 heures de travail, ce qui fait finalement très peu", déplore Daniela, étudiante en droit. "C’est payé 11 à 12 euros bruts de l’heure, mais plus le soir, soit un peu plus que le Smic. Toutefois, au bout de quelques années, on peut devenir chef hôte, et être payé 50% plus cher", explique Wanda. Whitney abonde: "à 9 euros bruts de l'heure, ça ne rapporte pas énormément, autant qu'un baby sitting. En acceptant toutes les missions proposées par l'agence, soit 6 à 7 par mois, cela permet de gagner 500 euros par mois".
Travail peu gratifiant
Toutefois, le travail n’est pas très gratifiant. "On est souvent convoqués un peu tard. Les journées sont longues et fatigantes, avec un contenu peu intéressant. Mais, pour passer le temps, on discute avec les autres hôtes et hôtesses, c’est assez convivial", racontent Erica et Cyrielle. Même son de cloche chez Wanda: "il faut parfois rester debout assez longtemps. Et c’est assez basique et pas très épanouissant intellectuellement. Mais je préfère ça au travail au McDo". Whitney déplore: "c'est parfois ennuyeux. Il nous est interdit d'utiliser son téléphone mobile, ou de toucher à la marchandise, par exemple à la nourriture offerte aux invités de l'événement. Surtout, c'est physiquement difficile: il faut toujours rester debout, même lorsqu'il ne se passe rien. On nous accorde une pause de seulement une demi-heure sur une mission de 6 heures". Daniela a vite renoncé: "j’ai trouvé cela épuisant: il fallait rester debout toute la journée. En plus, l’agence était sous staffée, donc il fallait tout faire, de l’accueil au rangement. J’ai donc préféré rapidement trouver des boulots de serveuse".
Les agences ont aussi des exigences strictes sur le look des hôtes: "les filles doivent avoir les cheveux tirés en arrière et laqués, les garçons doivent être bien coiffés, rasés de près, et fournir leur costume", explique Daniela.