Le spectacle continue de susciter des vocations
Le spectacle vivant continue de susciter des vocations et à attirer de plus en plus de monde, comme le montre les témoignages de jeunes comédiens recueillis. En 2012, l'Insee recense 23.500 artistes dramatiques (comédiens et metteurs en scène), soit environ 3,5 fois plus qu'en 1982.
Selon l'institut, cette population est à 50% féminine, à 56% francilienne, à 54% âgée de plus de 40 ans, et à 38% diplômée au moins d'un bac + 3. Elle est donc plus diplômée et plus francilienne que la moyenne des actifs. A 76%, elle travaille avec des contrats courts, de type intermittent du spectacle.
Jean-Baptiste Lafarge
"J'ai découvert la comédie un peu par hasard, grâce à l'option théâtre de mon lycée. Puis j'ai fait le cours Florent et je termine le conservatoire. Je n'avais aucune relation ni piston pour devenir comédien. Au début, j'étais assez inconscient, j'avais le sentiment d'être un intrus illégitime, j'avais peur de ne pas être à la hauteur. Mais aujourd'hui, j'ai pris confiance en moi, et je ne me pose plus la question de ma vocation. De toutes façons, je ne sais pas faire autre chose! Je suis dos au mur: ma seule alternative est d'avancer! C'est un métier où il faut être patient et endurant, où les joies alternent avec les déprimes. Je pense aussi qu'un acteur doit se vendre avec son travail, et pas avec son image. Je refuse d'exposer ma vie sur les réseaux sociaux. J'ai bien conscience que cette vie virtuelle et dorée qu'on essaye de vendre ainsi est en réalité assez artificielle"
Isham Conrath
"Mes deux parents sont comédiens. Je baignais donc là dedans, j'allais régulièrement au théâtre, et ma vocation m'est venue vers 15-16 ans. Mes parents m'ont aidé, ça m'a fait gagner du temps. Mais pour réussir, il faut surtout être bon et avoir de la chance. Je me suis toujours accroché, car c'est un très beau métier, mais aussi très dur, et que beaucoup veulent le faire. Mais de toutes façons, la précarité touche les jeunes dans tous les métiers. Je suis conscient que j'ai beaucoup de chance: je joue régulièrement, et j'arrive à en vivre. Mais je suis aussi conscient que la roue peut tourner dans l'autre sens du jour au lendemain. J'aime défendre des textes, des idées, recevoir un retour du public, mais aussi le trac. Mon ambition est de vivre de ce métier, et d'être reconnu plus que d'être connu. Je ne cherche pas forcément la gloire. Je suis attiré à la fois par le cinéma et le théâtre -mon rêve serait de rentrer à la Comédie française. Le grand danger est d'être étiqueté, car cela vous ferme des portes -c'est pour ça que j'hésiterai par exemple à accepter un rôle récurrent à la télévision. Mais de toutes façons, je sais bien que la carrière qu'on fait est rarement celle qu'on a prévue de faire".
Léo Rubin
"J'ai eu envie de devenir comédien au lycée, suite à un long travail d'introspection. A vrai dire, rien d'autre ne m'attirait. J'espérais que cela m'aiderait à exprimer ce que j'ai en moi, à transmettre ce que je suis, et à à faire tomber le masque. Au début, je n'osais pas le dire tant cela paraissait fou. Mais j'ai décroché des premiers contrats, juste en me rendant disponible et en saisissant les opportunités. Je me suis inscrit dans une agence, j'ai été retenu pour plusieurs publicités, puis pour une pièce de théâtre, L'île des nouveaux esclaves, d'après Marivaux, que j'ai jouée en juin 2012. Finalement, après avoir été coaché par le comédien Julien Alluguette, j'ai été accepté à l'école de Juliette Moltes que je vais suivre en 2015-2016. Mais on peut être très bon comédien et ne pas trouver de travail. La question n'est pas d'être le meilleur. La principale difficulté est que nous sommes très nombreux sur le marché. Il faut donc rester patient et attendre son tour. Je me suis donné cinq ans pour réussir. En tous cas, je ne veux pas devenir célèbre à tout prix. La volonté de devenir une star vous dévore très vite".