Les diplômés d'école de commerce peu touchés par la crise
Les diplômés des grandes écoles de commerce trouvent toujours du travail, mais un peu plus difficilement que les années précédentes, indique la dernière enquête de la Conférence des grandes écoles (CGE). Ainsi, 16,2% des diplômés en 2014 étaient toujours à la recherche d’un emploi en début 2015 (contre 14,6% trois ans plus tôt). Parmi ceux qui ont trouvé un emploi, 76,5% sont en CDI, un recul de trois points en trois ans. Néanmoins, les étudiants en école de commerce restent plutôt optimistes. Témoignages.
Eric, étudiant à l'IESEG
Je serai diplômé mi-2019. Je n’ai pas peur de la crise. Trouver mon premier emploi sera dur mais je sais que j’y arriverai. Le départ à la retraite des baby boomers libère des places pour ma génération. En tous cas, je n’envisage pas d’aller chercher du travail à l’étranger, il doit y avoir des jeunes diplômés qui restent en France.
Je veux travailler dans le sport, par exemple dans une ligue ou une fédération. C’est parce que je suis sportif depuis mon plus jeune âge: je fais du judo depuis l’âge de 5 ans, puis du basket depuis l’âge de 7 ans. Je vois beaucoup de points communs entre une entreprise et une équipe sportive. Il faut être persévérant, toujours vouloir aller plus loin. ll faut travailler ensemble, sinon on échoue. Il faut faire adhérer au projet collectif. Je suis capitaine de mon équipe de basket, et je pense que cela m’aidera à être un bon manager en entreprise.
J’essaie de transmettre les valeurs du sport via une association, IES Sports. Nous intervenons devant 5 classes de deux écoles primaires de Nanterre, qui sont en réseau d’éducation prioritaire. Nous leur faisons faire du sport, mais nous leur expliquons aussi les valeurs sportives: respect, partage, humilité, esprit d’équipe…
Guillaume, étudiant à Paris School of Business (ex-ESG)
Je voulais faire une école de commerce dès le début du collège. J’ai préféré faire une prépa intégrée, que je trouvais plus pragmatique et moins théorique.
Mon père possède une entreprise dans le logiciel. A terme, l’idée serait de reprendre l’entreprise familiale. Mais avant cela, je voudrais engranger ma propre expérience. Après avoir été diplômé en 2019, je voudrais créer une entreprise dans l’informatique qui soit active à l’international, notamment avec les Etats-Unis. En effet, une partie de ma famille est américaine, j’apprécie leur culture et leur façon de faire du business, et j’aimerai travailler là bas dans un premier temps.
La crise ne m’inquiète pas trop, car il n’y a pas de crise dans l’informatique, même si tout n’est pas idyllique. Notamment, l’effort des pouvoirs publics reste insuffisant par rapport au potentiel du secteur.
Clément, étudiant à l'Ecole de Management Léonard de Vinci
Je suis un mastère "négociation et management d'affaires". Après mon diplôme, je chercherai un travail dans des fonctions commerciales.
Je ne ressens pas la crise, et chercher un emploi ne me fait pas peur pour plusieurs raisons. D'abord, j'aimerai travailler dans l'industrie, qui est un secteur moins bouché que d'autres, comme la communication. Ensuite, j'effectue une formation en alternance, ce qui est toujours valorisant. Enfin, la plupart de mes collègues de l'école ont trouvé facilement du travail. Donc je pense que je trouverai un emploi sans trop de problèmes, et que j'aurai sans doute à choisir entre plusieurs offres.
Loïc, étudiant à Audiencia
Je serai diplômé en octobre 2017. Je n’ai pas peur de me retrouver sur le marché du travail, je suis assez confiant. D’abord, la crise ne peut pas durer éternellement, et j’espère qu’en 2017 la conjoncture sera plus favorable. Ensuite, la crainte du chômage est moindre lorsqu’on est diplômé d’une école de commerce, notamment grâce à l’important réseau d’anciens diplômés. Enfin, j’ai délibérément choisi un secteur porteur –le numérique- qui recrute beaucoup –c’était un de mes critères. Je voudrais donc travailler dans le marketing digital, plutôt que dans le marketing traditionnel, qui est un peu bouché. En tous cas, je pense qu’on peut trouver du travail si l’on est motivé et qu’on choisit le bon secteur. La France est quand même dans une meilleure situation que la Grèce ou l’Espagne, et je ne vois pas de raison d’aller tenter ma chance à l’étranger.
Sébastien, étudiant à Skema Business School
Je serai diplômé mi-2017. Avec la crise, les choix se sont réduits. Autrefois, les jeunes diplômés recevaient plusieurs offres, et devaient juste choisir entre elles. Désormais, ils doivent trouver eux-mêmes leur poste. Certes, je trouverai sûrement du travail grâce à mon diplôme d’école de commerce. Mais ce qui m’inquiète, c’est de ne pas trouver un poste correspondant à mes objectifs.
Mon objectif est de progresser dans l’échelle sociale par rapport à mes parents, et cela grâce à mes études. C’est surtout d’avoir suffisamment d’argent pour pouvoir vivre bien avec ma famille et m’acheter ce que je veux sans problème, ce qui nécessite de gagner au moins 6.000 euros par mois. Poussé par mes parents à me surpasser, j'ai la chance de pouvoir atteindre une meilleure situation au travers de mes études. Je veux pouvoir vivre sans souffrir d'un manque financier et pouvoir offrir une vie agréable à ma famille. En considérant l'inflation et le pouvoir d'achat à venir, je pense que pour arriver à un tel mode de vie agréable, je viserai 70.000 euros par an.
Georgia, étudiante à HEC
J’ai un double diplôme de HEC et de Sciences Po Paris, où j’ai suivi un mastère en affaires publiques. Je serai sur le marché du travail mi-2016. Je chercherai un travail dans le lobbying, la publicité ou la communication stratégique.
A une époque, les jeunes diplômés avaient juste à choisir entre plusieurs propositions. Mais ce n’est plus aussi simple. Il faut chercher son job, et on ne trouve pas toujours ce que l’on souhaite.
Mais mon option préférée serait de trouver un travail à l’étranger, à New York ou à Londres. Ce sont des villes plus jeunes et plus cosmopolites, avec beaucoup moins de chômage. Les salaires y sont 2 à 2,5 fois plus élevés. Et les diplômes français y sont bien valorisés: on considère que les jeunes diplômés français ont acquis une bonne culture générale et savent faire des maths. Beaucoup de camarades ont donc déjà logiquement fait le choix de s’y installer. Je ne considère pas que cela soit jouer contre la France. Car cela fait rayonner la France et ses écoles. Et je compte rentrer en France à terme.