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Pourquoi l'Élysée a invité 120 créateurs de mode à dîner

Le couple Macron recevra ce lundi pour un grand dîner à l'Élysée une centaine de créateurs de mode qui ont choisi Paris pour défiler. Le chef de l'État va les remercier de conforter l'attractivité de fashion week parisiennes dont les retombées économiques se comptent en milliards.

Une centaine de créateurs de mode dînera ce lundi sous les ors de l'Élysée. Brigitte et Emmanuel Macron ont convié de grands noms, comme le DA de Vuitton, Nicolas Ghesquière ou Elie Saab, et de moins célèbres comme la créatrice Sézane. Parmi ces hôtes on comptera aussi bien des Français, comme Bastien Laurent d'Avoc que des étrangers comme l'Australienne Kym Ellery. Ce dîner répond à "un souhait du couple", précise le Palais, mais a peu à voir avec le goût de la Première dame pour la mode.

Le point commun entre tous ces invités, c'est qu'ils defendent le "Choose France", notamment pour défiler. Et si le couple présidentiel tient à "saluer les créateurs" qui préfèrent Paris à New York, Londres, et Milan, c'est que les enjeux économiques sont colossaux.

L'industrie de la mode pèse davantage dans le PIB français que l'auto et l'aéronautique réunies. Et les fashion week de la capitale française rapporteraient à elles seules 11,5 milliards d'euros par an: 10,3 milliards d'euros "de chiffre d'affaires réalisé par les marques via leurs showrooms et salons, auxquels s'ajoutent 1,2 milliard d'euros de retombées (dépenses des visiteurs, achats auprès des prestataires)", précise Franck Delpal, co-auteur d'une étude de l'Institut français de la mode sur le sujet.

Un montant sous-évalué?

Ces recettes proviennent en partie de la production des défilés et des fêtes gargantuesques qui s'intercalent dans l'agenda. Et surtout, du déferlement dans la capitale des équipes des Maisons, des "fashion addicts" de tous continents, des chroniqueurs mode des médias internationaux, des acheteurs des grands magasins du monde entier comme Harrods et Bloomingdale's.

"Les chauffeurs de taxis et VTC parisiens connaissent mieux que nous les dates des fashion week", s'amuse Patricia Romatet, directrice des études de l'IFM. Aucun ne songerait à prendre des vacances à ces périodes tant ils sont sollicités par cette population qui voyage au moins en business, loge dans les hôtels les plus chics et fréquentent les meilleurs restaurants.

"Pour bien mesurer toutes les recettes des fashion week, il faudrait connaître l'intégralité des achats et des prises de commande réalisés à cette occasion par les marques", souligne Nathalie Rozborski, directrice générale du cabinet de tendance Nelly Rodi. Par exemple, ceux de "griffes étrangères qui viennent sans même défiler, pour ouvrir un magasin éphémère et profiter de l'hyper-concentration d'acheteurs ces semaines-là", note Patricia Romatet.

Paris, la plus attractive des capitales de la mode

Paris n'a d'ailleurs pas vraiment besoin du gouvernement pour accroître son attractivité, puisqu'elle attire déjà bien plus d'étrangers que les trois autres villes qui lui disputent le titre de la capitale de la mode. Quand la moitié des marques qui défilent à Paris viennent d'autres pays, Milan n'en compte que 13%, New York 9%, et Londres 5%.

Une première place encore confortée en 2017, avec le retour des créateurs exilés depuis des années de l'autre côté de l'Atlantique. Lacoste, Altuzzarra, Rodarte, et même Proenza Schouler qui arpentait en janvier les catwalks parisiens pour la deuxième fois de son histoire. Une défection d'autant plus retentissante que le duo de designers est new-yorkais. Et chouchou d'Anna Wintour, la reine du Vogue américain qui déploie beaucoup d'énergie à accroître le poids de New York dans le "game".

Des marraines de la fashion week de la big Apple qui se donnent l'air de s'en laver les mains. "Des designers peuvent toujours quitter New York, ça n'a pas d'importance", écrivait fin 2017 l'influente chroniqueuse Cathy Horyn, dans le New York Magazine. Avant de multiplier, dans le reste de la tribune, les arguments pour assurer que la Fashion Week de New York vaut quand même le détour.

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco