Travail: Tirole et d'autres économistes appellent à une grande réforme
Jean Tirole persiste et signe. Le prix Nobel d'Economie 2014 et plusieurs autres chercheurs appellent lundi dans Les Echos à une grande réforme du marché du travail en France, passant par une simplification des procédures de licenciement.
Dans cette tribune réclamant un "Jobs Act" à la française, pour reprendre un terme anglais en vogue, utilisé par exemple par le gouvernement italien, les économistes proposent quatre pistes: une amélioration de la formation professionnelle, une réforme de l'assurance-chômage, une baisse du coût du travail, et une réforme du licenciement économique.
C'est sur ce dernier point que les chercheurs sont le plus précis, à quatre jours d'une conférence convoquée par le gouvernement sur les réformes du marché du travail, et alors que syndicats et patronat se retrouvent lundi autour de ce thème.
Des lienciements facilités
Jean Tirole et ses co-signataires suggèrent que le juge se contente de vérifier en cas de licenciement économique que l'entreprise a bien engagé une réorganisation, et non pas que sa situation économique est compromise. Ils estiment qu'une entreprise doit pouvoir licencier non seulement pour "sauvegarder" sa compétitivité, mais aussi pour l'améliorer.
Ils appellent aussi à supprimer dans le code du travail l'expression "et sérieuse", dans l'article qui lie tout licenciement économique à une "cause réelle et sérieuse", une formulation selon eux "source d'innombrables contentieux". Enfin, les économistes estiment que "l'obligation de reclassement ne doit pas incomber aux entreprises, mais au service public de l'emploi".
Sur l'assurance-chômage, les 15 signataires proposent une "modulation des cotisations des entreprises (...) selon la logique de bonus-malus", et d'encourager "les demandeurs d'emploi qui le peuvent à sortir au plus vite du chômage".
Sur le coût du travail, ils entendent "recentrer les aides actuelles autour du SMIC, car c'est là qu'elles génèrent le plus de créations d'emplois".
Jean Tirole a critiqué à plusieurs reprises l'organisation du marché du travail en France, qui selon lui contribue au chômage de masse, et appelé à s'inspirer des réformes menées par exemple en Allemagne et en Suède pour le rendre plus flexible.