Varoufakis: "j'ai été témoin de l'impuissance de la France en technicolor"

Invité de BFMTV-RMC ce lundi, l'ex-ministre grec des Finances a affirmé qu'il y a un "décalage" entre ce que les représentants de la France font et disent. Il a ainsi regretté ne pas avoir eu plus de soutien de la part de Paris.
L'ancien trublion du gouvernement grec n'a rien perdu de son mordant. L'ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis était l'invité de BFMTV-RMC ce lundi 24 août.
Celui qui a remis sa démission début juillet après le référendum grec a commencé par reconnaître qu'il n'était pas formé à l'appareil politique. "Je ne suis pas un professionnel de la politique. Je prends des risques. Je ne suis pas d'accord avec tout le monde mais je dis la vérité", a-t-il asséné.
Au passage, Yanis Varoufakis a un peu plus égratigné l'exécutif français et son modeste poids dans les négociations au niveau européen: "J'admire beaucoup la France mais j'ai été témoin de son impuissance en technicolor", a-t-il ainsi regretté. "J'ai constaté un décalage entre ce que ses représentants disaient et ce qu'ils faisaient. C'était très douloureux pour quelqu'un comme moi qui pensait que la France pouvait être très influente dans la zone euro", a-t-il regretté.
Des accords qui s'évaporent
Et Yanis Varoufakis d'enfoncer le clou: "Lors de mes conversations avec Michel Sapin et Emmanuel Macron, nous sommes tombés d'accord sur quasiment tout". Sauf que ces accords "s'évaporaient ensuite lors des réunions de l'Eurogroupe". Car les représentants français "ne croyaient pas disposer de l'autorité suffisante" pour appliquer ces accords.
L'ex-ministre grec des Finances ajoute que "Monsieur Sapin avait de bonnes intentions" mais que "Monsieur Moscovici n'avait pas autant d'influence" qu'il le pensait.
De profonds désaccords avec Tsipras
Revenant ensuite sur son action en tant que ministre des Finances il a rappelé que "le plus gros problème en Grèce était l'évasion fiscale". Il a assuré avoir pris des mesures notamment "un logiciel pour suivre les mouvements de fonds, secteur par secteur, entre la Grèce et le pays d'Europe". "Nous étions très près du but, nous avions réussi à mettre en difficulté 500.000 fraudeurs fiscaux. Malheureusement aucune suite n'a été donnée à ce programme", a-t-il regretté.
Yanis Varoufakis a rappelé "avoir été en profond désaccord avec Alexis Tsipras", qui a accepté l'accord des créanciers. "Je n'étais pas d'accord avec lui, donc j'ai démissionné", a-t-il ajouté considérant "que nous avons trahi" le vote du référendum en acceptant cet accord.
Interrogé sur une éventuelle candidature aux prochaines élections législatives grecques, Yanis Varoufakis a indiqué ne pas avoir tranché. "J'ai plutôt tendance à ne pas vouloir me présenter", a-t-il toutefois indiqué.