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Transports

CDG Express: Elisabeth Borne se déporte du dossier

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- - Eric FEFERBERG / AFP

Elisabeth Borne a finalement renoncé. La ministre des Transports s'est déportée du marché de l'exploitation de CDG Express, la liaison ferroviaire qui doit relier la capitale à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Le dossier est confié à François de Rugy.

Une décision radicale pour faire taire les soupçons. Elisabeth Borne a finalement décidé de se déporter de l'attribution du marché de l'exploitation de la liaison ferroviaire CDG Express. La ministre des Transports préfère ainsi éviter toute suspicion de conflit d'intérêts, compte tenu de ses anciennes responsabilités à la tête de la RATP, entreprise qui fait partie d'un des groupements candidats.

Le dossier passe donc du ministère des Transports à celui de la Transition écologique. Il est désormais confié à François de Rugy. Le décret est paru ce samedi au Journal Officiel.

Le projet de CDG Express avait été abandonné en 2011 avant d'être relancé en 2014. Il doit assurer la liaison entre la gare de l'Est à Paris et l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle d'ici 2023. La conclusion du contrat d’exploitation est prévue début 2019, les travaux doivent débuter à la même période.

Le projet est ambitieux: réaliser une infrastructure qui permettra de relier la capitale à l'aéroport Charles de Gaulle en seulement 20 minutes. Un trajet de 32 kilomètres dont le prix du billet devrait avoisiner les 24 euros. Un train assurera la liaison toutes les 15 minutes, de 5h du matin jusqu'à minuit et ce 7 jours sur 7. Plus de 6 millions de voyageurs devraient l'emprunter dès sa mise en service. Objectif: que tout soit prêt pour les Jeux Olympiques de 2024.

Un projet à 1.8 milliard d'euros

Coût du projet: 1,8 milliard d'euros, auxquels s’ajoutent environ 0,3 milliard de frais financiers de la société de projet. Le projet sera réalisé sans subvention publique, et son montage financier repose sur les recettes de billetterie à venir. Une taxe sur les billets d’avion, nécessaire pour compléter le financement du projet à partir de 2024, a également été instaurée. L’État accordera un prêt à la société de projet d’un montant maximal de 1,7 milliard d'euros. Le complément de 0,4 milliard sera apporté par les actionnaires de la société de projet. Un projet qui prévoit la création de 2 400 emplois directs en phase de construction, 300 en phase d'exploitation.

La ministre des Transports visée dans un autre dossier

La ministre des Transports écarte ainsi toute suspicion de conflit d'intérêts dans ce dossier. Mais Elisabeth Borne est aussi la cible d'accusations dans un autre projet, celui d'un tronçon de la future autoroute A79 dans l'Allier. La décision d’attribution sur ce dossier doit intervenir avant la fin de l’année et met en concurrence la plupart des gros groupes du BTP : Bouygues, NGE, SPIE, Vinci et Eiffage. Eiffage, groupe de construction et de concessions au sein duquel la ministre des Transports a exercé les fonctions de directrice des concessions entre 2007 et 2008.

Selon Le Monde, un concurrent en lice aurait demandé si des dispositions avaient été prises pour éviter un éventuel conflit d'intérêts. Des accusations jugées «absurdes» et balayées par le Ministère qui rappelle que Elisabeth Borne a travaillé moins d'un an chez Eiffage entre 2007 et 2008, et qu'elle «n'a jamais travaillé sur ce projet dont l'éventualité d'une mise en concession n'avait à l'époque même pas encore été annoncée par l'Etat».

Le marché en jeu est important, les spécialistes l’estiment à plus d'un demi-milliard d’euros, et le gagnant empochera les péages pendant quarante ans.

Sandrine Serais