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Climat: l'accord de Paris sur les rails

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- - Janek SKARZYNSKI / AFP

La communauté internationale a adopté ce samedi les règles d'application de l'accord de Paris sur le climat lors de la COP24 en Pologne.

François de Rugy salue une «étape clé» de la lutte contre le changement climatique. La communauté internationale a adopté ce samedi les règles d'application de l'accord de Paris sur le climat. «En nous dotant de règles claires et ambitieuses pour mettre en oeuvre l'Accord de Paris, la COP24 marque une étape clé de la lutte contre le réchauffement climatique», a déclaré le ministre sur son compte Twitter, estimant que «le chemin est encore long et difficile, mais nous sommes maintenant collectivement mieux armés pour le parcourir».

Après 14 jours d'intenses négociations, la COP24 s'est achevée ce samedi soir, avec plus de 24 heures de retard sur le planning initialement prévu. La décision finale satisfait plus ou moins les pays. La communauté internationale a doté l'accord de Paris des outils qui lui donneront vie, sans toutefois s'engager à faire plus et plus vite contre le réchauffement climatique malgré l'urgence.

Les scientifiques du Giec tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs semaines: dans un monde à +2°C, objectif minimal du pacte climatique de 2015, les impacts seraient bien plus importants que dans un monde à +1,5°C, limite idéale de l'accord. Mais pour rester sous +1,5°C, il faudrait réduire les émissions de CO2 de près de 50% d'ici 2030 par rapport à 2010. Un objectif très difficile à atteindre à l'heure où les engagements des Etats annoncent un monde à +3°C.

Nombre de délégations, États insulaires en tête, espéraient que les pays promettent de relever d'ici 2020 leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre. Mais dans un contexte géopolitique peu propice, les États se sont contentés de boucler les règles qui permettront d'appliquer l'accord de Paris. La décision finale de la COP24 se limite de fait à "répéter la demande de mise à jour" des engagements d'ici 2020, déjà formulée dans l'accord de 2015. Elle insiste sur l'urgence d'une ambition accrue, sans toutefois fixer de calendrier.

Greenpeace dénonce un manque d'ambition

Cette adoption a reçu un accord mitigé. Le président français, Emmanuel Macron, se montre satisfait: «La communauté internationale reste engagée dans la lutte contre le changement climatique. Bravo à l'ONU, aux scientifiques, aux ONG et à tous les négociateurs». Même son de cloche côté espagnol. La ministre de l'Environnement estime que ce manuel d'utilisation "est suffisamment clair pour opérationnaliser l'Accord de Paris et c'est une bonne nouvelle".

Déception en revanche du côté de Greenpeace. L'organisation dénonce l'absence d'accord sur une révision à la hausse des efforts climatiques nationaux: «Un fossé se creuse dangereusement entre la réalité du changement climatique décrite par la science, avec ses conséquences dramatiques pour les populations dans certaines régions du monde, et l’action politique. La COP24 a donné le triste spectacle d’une incompréhension entre des pays qui défendent leurs intérêts économiques et industriels, et des pays vulnérables qui jouent leur survie. Au final, ce sont les peuples qui sont abandonnés”, regrette Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France.

Le financement des politiques climatiques est l'autre préoccupation des pays pauvres. Les pays du Nord ont en effet promis de passer leur aide climat à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020. Quelques pays comme l'Allemagne ont annoncé de nouvelles contributions, notamment au Fonds vert. La Banque mondiale a pour sa part promis 200 milliards de dollars pour la période 2021-2025. Reste à savoir comment s'organisera la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025.

Le prochain rendez-vous est fixé fin novembre 2019 lors de la COP25 qui se tiendra au Chili. Pour les organisations de protection de l'environnement, l'objectif est clair: il faudra concrétiser la hausse de l'ambition des pays pour lutter contre le changement climatique.

Sandrine Serais