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Vie de bureau

Voilà comment un manager peut (ou pas) ruiner l'ambiance au bureau

Tout faire pour éviter les conflits n'est pas une bonne stratégie qui permettra de maintenir des relations saines dans son service.

Tout faire pour éviter les conflits n'est pas une bonne stratégie qui permettra de maintenir des relations saines dans son service. - Jeff Eaton - Flickr CC

Face à une situation problématique, chacun réagit avec sa propre perception. Qu'il s'agisse de motiver les équipes, de gérer les conflits ou de réguler la pression, en croyant bien faire il arrive que l'on aggrave la situation. D’où la nécessité de revoir son approche des relations au travail.

Avoir la meilleure volonté du monde pour bien faire son job ne suffit pas. Il arrive que des situations problématiques ou des comportements menacent l'équilibre d'une équipe et pèsent sur son efficacité. Le cas le plus typique: le manager qui mise tout sur les chiffres et les résultats, sans se rendre compte que son équipe est à bout, que les accrochages et les absences se multiplient. Or persister à appliquer toujours la même stratégie ne sert à rien. "On a tendance à reproduire les mêmes choses, et ne pas être assez à l'écoute de son environnement et des signaux", met en avant Estelle Boutan, coach systémique et auteure avec Karine Aubry de "Essaye encore, déjouer les pièges relationnels au travail avec l'approche de Palo Alto" (EnrickB Editions).

Ces mauvaises interactions entre collaborateurs, ces difficultés de communications mènent à l'échec de la stratégie de l'entreprise. "Notre approche consiste à décrypter les cercles vicieux dans lequel nous sommes pris, à provoquer un changement relationnel en installant une logique nouvelle. Nous apprenons aux personnes à adopter une nouvelle façon de voir les choses", détaille Estelle Boutan. Cela revient à développer sa souplesse relationnelle en remettant à plat l'approche de son rôle et sa manière de gérer son environnement de travail

Voici comment cette approche peut rapidement porter ses fruits sur certaines situations qui empoisonnent la vie de bureau.

>Quand un manager pointe du doigt ses collaborateurs démotivés

Qui n'a jamais entendu un manager se plaindre du manque de motivation de l'un de ses collaborateurs? "Je n'arrive pas à le motiver", se plait-il à répéter. Mais la motivation cela ne se décrète pas. Ce n'est donc pas en pressant la personne à mettre les bouchées double que l'on va obtenir ce que l'on veut. Lui promettre des primes ou une promotion n'aura qu'un effet limité dans le temps. 

La solution: questionner la personne. Ce que le manager interprète comme un manque de motivation n'est pas forcément l'élément qui façonne son comportement. "Il faut remettre en cause le diagnostic", prône Estelle Boutan. Il faut donc demander à la personne quel est son ressenti, si elle a des attentes particulières. Peut-être veut-elle plus de libertés dans l'exécution de ses missions, ou encore avoir la possibilité de télétravailler. Tout s'étudie. "Il y a autant de possibilités que de personnes", met en avant la coach.

>Quand un manager croit que la pression est le meilleur moteur

Le rôle du manager est certes de veiller à ce que les objectifs soient atteints, mais il doit aussi faire en sorte que son équipe progresse. Trop l'oublient et exercent une pression continuelle, à leur encontre mais aussi vis-à-vis de leurs collaborateurs. "Le manager doit avoir conscience des risques qu'il encourt à répéter sans cesse à ses collaborateurs qu'ils ont ceci à faire, qu'ils sont en retard sur tel dossier", prévient Estelle Boutan. Si les résultats ne sont pas à la hauteur de ce qui attendu, peut-être que certains sont épuisés par l'enchaînement de dossiers compliqués ou bien les rôles sont mal répartis, ce qui amène un ressenti vis-à-vis du manager.

"Pour dénouer ces tensions relationnelles, il est essentiel de tenir compte du feedback de ses collaborateurs. Il faut alors se positionner sur leur propre terrain pour appréhender leur point de vie", conseille la coach. C'est la même chose quand il s'agit de conduire des changements et que, plutôt que de prendre en compte les résistances de l'équipe, le manager décide de passer en force. Il faut prendre le temps d'écouter les griefs de chacun, cela permet ensuite de suggérer une autre approche et de mener les changements ensemble.

>Quand un manager répète "faites-moi confiance"

A chaque fois qu'un collaborateur pose une question ou propose une approche différente, il se voit répondre par son manager "Faites-moi confiance et faites ce que j'ai décidé". Une manière de clore le débat mais qui va mener à créer un fort ressentiment dans l'équipe. "La confiance se nourrit d'expériences vécues, cela se travaille. On ne peut pas demander cela quand on prend les rênes d'une équipe", met en garde la coach. Il faut donc résister au piège d'imposer une attitude qui ne se décrète pas, mais plutôt se recentrer sur les faits et expliciter ce qui est attendu.

De même, il ne faut pas dire à une personne "je te fais confiance", et avoir une attitude qui montre tout le contraire en menant des contrôles rapprochés sur l'état d'avancement de son travail.

>Quand un manager cherche à tout prix à éviter les conflits

Entendre des éclats de voix tous les jours ne crée pas une atmosphère propice au travail. A l'inverse, tout faire pour éviter les conflits n'est pas non plus la bonne stratégie qui permettra de maintenir des relations saines dans le service. "Il faut affronter le problème pour éviter que la situation ne s'aggrave. Car au départ ce qui n'était qu'un simple désaccord peut tourner au conflit si la personne ne se sent pas entendue", rapporte Estelle Boutan. Une fois encore il faut s'ouvrir à la personne avec laquelle les relations sont grippées pour comprendre son point de vue et chercher des solutions. Il faut se montrer souple… et admettre que les gens avec lesquels on travaille ne sont pas forcément des clones de soi-même.

>Quand un manager veut être ami avec tous ses collègues

Quand certains manager font preuve d'autoritarisme, d'autres misent sur le management cool et cherchent à tisser des liens à tout prix avec chacun. Cela peut fonctionner avec certaines personnes avec lesquelles de vraies affinités se créent. Mais il faut tenir compte des personnalités de chacun, et une fois encore se montrer souple. Si une personne est introvertie et ne veut pas participer au concours de blagues dans l'open space, cela ne remet en rien son professionnalisme. "On peut avoir de bonnes relations de travail tout en ayant des fonctionnements totalement différents", rappelle Estelle Boutan. C'est justement cette diversité des profils et des personnalités qui font la richesse d'une équipe.

Coralie Cathelinais