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Donald Trump prépare son équipe de campagne pour 2020

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- - ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Donald Trump annonce le départ de son plus proche conseiller, le secrétaire général de la Maison Blanche John Kelly.

La valse de ministres et conseillers de Donald Trump se poursuit. Le secrétaire général de la Maison Blanche, John Kelly, a rejoint samedi la longue liste de membres ou proches de l'administration Trump qui ont quitté le navire depuis l'entrée en fonction du 45e président américain.

«John Kelly partira à la fin de l'année ». Donald Trump l'a annoncé devant les journalistes à la Maison Blanche. Le président américain précise que le nom de son successeur sera annoncé dans un jour ou deux. Il pourrait nommer dans un premier temps un remplaçant par intérim. Les médias américains, eux, évoquent avec insistance le nom de Nick Ayers, actuel chef de cabinet du vice-président Mike Pence. Il s'agit d'un jeune stratège politique républicain de 36 ans.

Le secrétaire général de la Maison Blanche est un homme clé de la présidence américaine. Il est le bras droit du président, et le coordonnateur de l'action de l'administration. Mais les relations entre Donald Trump et John Kelly ont parfois été compliquées, notamment ces dernières semaines. Alors John Kelly a-t-il été poussé vers la sortie ou a-t-il lui même décidé de jeter l'éponge? Difficile de savoir qui a pris la décision finale. en tout cas les signes de lassitude se faisaient sentir des deux cotés ces dernières semaines.

«C'est un gars super» a souligné ce samedi le président des Etats-Unis, précisant qu'il avait beaucoup apprécié les services du chef de cabinet de la Maison blanche. Pourtant Donald Trump avait laissé entendre récemment qu'il n'était pas entièrement satisfait de John Kelly. «Il y a certaines choses qu'il fait que j'aime beaucoup et certaines choses qu'il fait que je n'aime pas», avait-il confié à la mi-novembre. De son coté, John Kelly montrait des signes de découragement depuis plusieurs mois déjà. «J'imagine que j'ai dû faire quelque chose de mal et Dieu m'a puni », avait-il lâché en mars dernier sur le ton de l'autodérision à propos de ses fonctions à la Maison Blanche. Depuis plusieurs jours les médias américains faisaient état de tensions entre les deux hommes. Certains affirmaient même qu'ils avaient rompu le dialogue.

«Idiot comme une pierre »

Cette nomination intervient alors que Donald Trump s’est mis à copieusement insulter sur twitter son ancien secrétaire d’état Rex Tillerson « dumb as a rock » (crétin comme une pierre) et « lazy as hell » (feignant comme une couleuvre), après que ce même Tillerson avait mis en doute ses capacités. Tillerson et Kelly faisaient partie du « cercle de la raison » qui entourait le président, James Mattis, ministre de la défense, en était le troisième homme, lui qui avait demandé à ses soldat de « tenir leur rang, en attendant des jours meilleurs ». Le secrétaire à la défense apparaît maintenant bel et bien fragilisé par la nomination au poste de chef d’état-major américain du général Mark Milley, actuel chef d’état-major de l’armée de terre. Une décision prise contre son avis, selon la presse américaine

L'annonce du départ de John Kelly, 68 ans, suit de 24 heures deux nouvelles nominations importantes auprès du président américain. Donald Trump avait décidé vendredi de confier le ministère de la Justice à William Barr, un juriste républicain respecté, procureur général adjoint des États-Unis entre 1990 à 1991 puis procureur général entre 1992 et 1993 sous l'administration du président Bush père. Un portefeuille d'une grande importance puisque lui incombe la supervision de l'enquête russe du procureur Mueller. Il a également nommé la porte-parole du département d'Etat Heather Nauert, ancienne journaliste de Fox News, sans expérience diplomatique, au poste d'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU en remplacement de Nikki Haley. Deux nominations radicalement différentes, qui illustrent encore le caractère imprévisible du président

Equipe de campagne

La première moitié de la présidence Trump est marquée par une grande instabilité sur les postes clés de conseillers ou de ministres. Elle atteint même un record: le renouvellement des postes atteint le chiffre sans précédent de 62 %, moins de deux ans seulement après l’arrivée du milliardaire à la Maison Blanche. Très loin des 38 % constatés pour Bill Clinton, 33 % pour George W. Bush et 24 % pour l'administration de Barack Obama selon l’observatoire de la Brookings Institution, un cercle de réflexion de Washington.

Avec le départ de John Kelly, le Président américain affiche la volonté d'aborder la seconde partie de son mandat avec une équipe renouvelée, avec en ligne de mire la présidentielle de 2020. Donald Trump a déjà fait savoir qu'il solliciterait un second mandat. Des prémices de campagne qui se dérouleront sous l'ombre menaçante de l'enquête russe du procureur Mueller.

Sandrine Serais