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Réforme: "Rien n'était écrit, mais tous étaient contre"

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- - Thomas Samson - AFP

Quelqu'un a-t-il vraiment vu quelque part un projet précis de réforme des professions réglementées? Non, Personne. Jamais ces projets n'ont été écrits. Et pourtant la mobilisation en a triomphé. Triomphé d'une chimère? Non, du simple mot de réforme

C’est compliqué les professions réglementées. D’abord parce que ce sont des clients. Pour BFMbusiness. Et qu’on est toujours gentil avec les clients. Ensuite parce qu’il y en a des dizaines, toutes dans un grand sac. Les pharmaciens et les notaires seraient détenteurs d’une rente comparable ? Je connais très bien le marché du médicament, absolument pas celui des professions juridiques, mais je me permets de douter que l’on trouve des problématiques réellement comparables.

De toute façon la question n’est pas là. Non, ce qui me saisit depuis le début de cette affaire, c’est que personne n’a la moindre idée de ce qui pourrait se passer. Si vous n’avez pas suivi ça dans le détail, tout est parti d’un rapport de l’Inspection Générale des Finances selon lequel la hausse continue des tarifs de ces professions réglementées ferait perdre 6 milliards d’Euros de pouvoir d’achat aux français. Rapport sorti au compte-gouttes, à tel point qu’à un moment on s’est demandé s’il existait. On a compris pourquoi quand on l’a lu, ce n’est rien d’autre qu’une règle de 3 de CM2 : ils ont pris la croissance du PIB, la croissance des tarifs, ils ont rapporté l’une à l’autre, et bingo ! 6 milliards. Est-ce bien sérieux ?

Mais là encore la question n’est pas là.

Elle est où alors ?

Dans le simple mot de réforme. Parce que, Mmes, Mrs les notaires, huissiers, avocats, administrateurs judiciaires, biologistes, chirurgiens-dentistes, commissaires-priseurs, greffiers, mandataires, opticiens, vous l’avez vu dans le détail, la réforme ? Sérieux ? Je me demande bien comment vous avez fait, parce que le détail n’a jamais été écrit. Non, rien n’a été écrit, mais tout le monde était déjà contre. Ça augure mal de la suite.

Le simple mot de réforme fait se soulever des corps qui pourtant cultivent une certaine placidité. Allez, j'en ajoute deux autres des mots: "capital" et "financiarisation" (l'une des pistes retrouvée partout serait de permettre aux professionnels libéraux d'ouvrir leur capital, clé de dynamisme et de mouvement pensaient naïvement les auteurs de cette proposition saugrenue, "mise en péril de la vocation de service public" répondirent les corporations unanimes)

Alors bien sûr, comme le dit notre nouvel étalon du libéralisme français Emmanuel Macron : « On ne va pas résoudre les problèmes des Français en sacrifiant les notaires ou les pharmaciens », mais avouez que la question de savoir où commencent alors les « réformes » dont on se gargarise, avouez que cette question se pose avec acuité.

(quand je dis étalon, je pense au mètre étalon, pas à l'animal, je ne me permettrais pas)

Stéphane Soumier