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Economie

Sarkozy, et l'économie?

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- - Guillaume Paumier/Flickr

Il n’en parle pas. D’ailleurs personne n’en parle. Le combat à droite ne se fera pas sur ce terrain là. Et pourtant y en a-t-il un autre ?

C’est un indice de plus de notre ignorance collective, hier soir, au-delà d’une phrase pleine de bons sentiments sur le « drame du chômage » pas une question sur les idées économiques de celui qui veut reprendre le leadership à droite. Un homme politique de premier plan peut aujourd’hui revenir sans qu’on ait comme priorité de l’interroger sur l’état de sa réflexion économique, sans qu’il éprouve le besoin, lui-même, de glisser le moindre indice.

Et c'est bien dommage, car qui veut se pencher sur les déclarations économiques de Nicolas Sarkozy en ressortira avec la légère nausée qui vous accompagne à la descente du manège : on s’est bien amusé, mais on a tourné en rond.

« Travailler plus pour gagner plus ». Ce slogan là est-il toujours d’actualité, et quelles conclusions en tire-t-il ? La fin des 35 heures ? Elle a déjà été annoncée très précisément à 3 reprises par celui qui était alors président de la république, et cette volonté n’a accouché que du dispositif d’heures supplémentaires défiscalisées, certes très utile, mais certainement pas à la hauteur du défi. La TVA sociale n’a été lancée que dans les tous derniers mois du quinquennat, comme s’il fallait d’urgence se donner une médaille économique sur le champ de bataille du coût du travail. Nicolas Sarkozy a-t-il la volonté de vraiment dynamiter les innombrables barrages qui se dressent devant le travail ? Est-il séduit par le contrat « 0 heures » de David Cameron (contrat de travail sans aucun engagement d’aucune sorte en termes de durée) ? Quelle est son opinion sur le niveau du SMIC ?

La dette, les déficits ? J’entends qu’il est impossible de juger là-dessus l’ancien président pris dans la tourmente de la crise et qui a mis en place un dispositif efficace de baisse des effectifs publics (non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite). Ben voyons. La TVA restauration c’était pour lutter contre la crise ? Cette décision clientéliste est devenue en son temps la première charge fiscale de l’Etat, avant même le crédit d’impôt recherche (la palme de l’incohérence est toutefois attribuée à la politique du logement : on laisse prospérer le dispositif Scellier, avant de brutalement couper les vivres, du jour au lendemain).

Quand on regarde dans le détail, la lutte contre les régimes spéciaux de retraite apparaît comme le seul point vraiment déterminant (seul point, d'ailleurs, cité hier soir). Mais là encore, bien trop étroit pour juger. En fait il s’agissait bien davantage d’une bataille interne à la SNCF, dans un climat très particulier que traversait l’entreprise, mure pour en finir avec la culture de la grève (elle a d’ailleurs été achevée, cette culture, au printemps dernier, avec la détermination d’un autre gouvernement, qui n’a pas été capable d’en récupérer le crédit).

La semaine dernière François Baroin a avancé quelques pistes « je baisserai le coût du travail jusqu’à 10% », l’UMP et Gilles Carrez font voltiger les économies possibles sur les dépenses de l’Etat etc… Tout cela mériterait davantage de détails, mais, disons-le, tout le monde s’en fout. Et finalement comment le reprocher aux différents acteurs, hommes politiques et journalistes qui les interrogent, quand le MEDEF lui-même, cette semaine, va se livrer à une rare performance d’improvisation économique nous promettant 1 point de croissance pour deux jours fériés (mais, n’insultons pas l’avenir, le pire n’est jamais sur)

Les valeurs ou la valeur ? Et si on commençait à mettre le mot au singulier, si on s’intéressait à la création de cette foutue valeur, avant le respect de celles qui nous sont chères ? Pour enfin parler de choses sérieuses

Stéphane Soumier