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Le CFJ s'inspire de Xavier Niel pour former les jeunes au numérique

Graphistes, web-designers, journalistes de données, communicants... Les entreprises vont faire de plus en plus recours à ces types de profils.

Graphistes, web-designers, journalistes de données, communicants... Les entreprises vont faire de plus en plus recours à ces types de profils. - startupstockphotos.com

Alors que les formations aux métiers du numérique pullulent, la prestigieuse école de journalisme va lancer W, un nouvel établissement qui accueillera les étudiants post-bac pour les former durant 3 ans aux nouveaux métiers de la création. À condition d'y mettre le prix.

Quel métier feront demain nos enfants? Impossible à savoir. Et pour la bonne et simple raison que leur métier n'existe peut-être même pas encore. C'est en tout cas ce qu'estime le journaliste et président du prestigieux Centre de Formation des Journalistes (CFJ), Emmanuel Chain. "La révolution numérique transforme les métiers d'aujourd'hui et de demain et impacte tous les métiers y compris celui de journaliste, explique l'ancien animateur de l'émission Capital. D'ailleurs, 65% des écoliers d'aujourd'hui exerceront un métier qui n'existe pas encore selon le ministère américain du travail." Si ce chiffre est sans doute largement exagéré (les profs, policiers, vendeurs, médecins, commerciaux et autres restaurateurs ne vont pas disparaître de sitôt) et fait, de plus, référence à une étude de 1999 qui ne le cite pas, il décrit un monde où le numérique va prendre de plus en plus d'importance dans l'économie.

À commencer par la création de contenu. Graphistes, web-designers, journalistes de données, communicants... Les entreprises vont faire de plus en plus recours à ces types de profils. Mais pour l'heure, les formations ne sont pas adaptées. C'est en tout cas le constat que fait Julie Joly, le directrice du CFJ. "Nous recevons à l'école beaucoup d'appels d'entreprises qui voudraient recruter nos étudiants, assure-t-elle. Mais pour des métiers qui ne sont pas du journalisme." Et comme le CFJ a une expertise dans la communication et la création de contenu, pourquoi ne pas créer une école pour répondre aux besoins de ces entreprises? D'où l'idée de l'école W.

Des frais de scolarité de 7.800 euros

Baptisée en référence à la règle des 5 "W" bien connue des journalistes, elle ouvrira ses portes en octobre prochain dans le 12ème arrondissement de Paris. L'école accueillera une centaine d'étudiants à peine pour la première promotion (800 à titre de comparaison pour l'école 42) et compte monter à terme à 150. Des étudiants, et c'est une nouveauté pour le CFJ, qui seront recrutés après le bac. "Il y a beaucoup de jeunes talentueux qui ne se sentent pas à l'aise dans le monde des prépas/grandes écoles et qui refusent d'aller à la fac, explique Emmanuel Chain. C'est à eux que nous voulons nous adresser." Pas de concours d'admission comme au CFJ, mais un questionnaire de personnalité, une épreuve de créativité et un entretien individuel. Le but est de déceler des profils de gens curieux, ouverts et créatifs. Pas forcément des grosses têtes, bêtes à concours.

La formation s'étalera ensuite sur 3 ans et alternera cours à l'école, création de contenu, gestion de projet, stages en entreprise, le tout pour moitié en anglais dès la deuxième année. Un contenu qui se veut donc différent tant sur le fond que sur le plan pédagogique mais qui reste encore un peu flou pour le moment. Mais si W se veut moins "magistrale" qu'une grande école classique, les élèves seront tout de même examinés, notés et recevront à l'issue un diplôme de Bac+3 (un Bachelor "Contenus et création numérique").

Située dans un bâtiment rénové de 1.700 m² dans le 12ème arrondissement à Paris, l'école W disposera d'un studio vidéo, de radio, d'espaces de coworking et d'un matériel de pointe (iPad, caméras numériques...). Évidemment, cela a un coût. Les frais de scolarité s'élèveront à 7.800 euros l'année. "Nous sommes dans la moyenne des grandes écoles privées", assure Julie Joly qui précise que l'équipe cherche actuellement des partenaires pour mettre en place un système de bourse ou de prêt à taux zéro.

"Le système français ne marche pas"

C'est d'ailleurs une différence avec l'école 42 créée par Xavier Niel. Cette dernière est gratuite car entièrement financée par son généreux donateur qui a déboursé entre 20 et 50 millions d'euros. Mais si l'école du patron de Free entend elle aussi former des jeunes post-bac aux métiers du numérique, elle est plus orientée sur les métiers du code informatique que sur la création de contenu comme W. 

Outre 42 et W, de plus en plus d'écoles se lancent sur ce créneau du numérique. Sup de Web, EMI ou encore LDLC, l'école lyonnaise créée par le fondateur du site de vente en ligne du même nom... Et toutes sur le même modèle du recrutement post-bac. Une démarche qui traduit un peu la faillite du système de formation à la française. "Aujourd’hui, le système français ne marche pas. Il est coincé entre d’une part l’université, qui propose une formation pas toujours adaptée aux besoins des entreprises (...), des écoles publiques très sélectives (...) et d’autre part les écoles privées, chères, dont la formation est assez qualitative mais laisse sur le côté de la route le plus grand nombre de talents", décrit ainsi Xavier Niel, sur le site de 42. On peut parier en tout cas avec l'éclosion de toutes ces formations que l'école de vos enfants n'a peut-être pas encore été créée...

Frédéric Bianchi