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Caisse noire de l'UIMM: son ex-patron condamné à un an de prison

L'ancien président de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac.

L'ancien président de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac. - -

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé l'ancien président de l'UIMM coupable dans l'affaire de la caisse noire, ces retraits en liquide soupçonnés d'avoir servi notamment au financement occulte de syndicats.

Le juge va encore plus loin que le procureur. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Denis Gautier-Sauvagnac, l'ex-patron de l'UIMM, à un an de prison ferme (trois ans, dont deux avec sursis), et à 350.000 euros d'amende, ce 10 février. Son avocat a d'ores et déjà indiqué qu'il ferait appel.

Poursuivi dans l'affaire de la caisse noire de de la fédération de la métallurgie, il étaient l'un des dix prévenus poursuivis pour abus de confiance, travail dissimulé, destruction de documents comptables, recel, ou de complicité de ces délits.

La condamnation la plus sévère

Sa condamnation est sévère, sachant que le parquet avait requis, à l'issue du procès en octobre, deux ans de prison avec sursis et 250.000 euros d'amende contre Denis Gautier-Sauvagnac qui présidait la fédération au moment des faits. Le tribunal a estimé que DGS avait eu "une participation centrale, en connaissance de cause et pendant des années" à ces "pratiques frauduleuses", alors qu'il avait le pouvoir d'y "mettre un terme".

C'est en outre le seul prévenu qui écope d'une peine de prison ferme. Trois autres anciens dirigeants ont, eux, été condamnés à des peines allant de deux mois à un an de prison avec sursis. Et l'UIMM, qui était jugée en tant que personne morale, devra s'acquitter de 150.000 euros d'amende, comme l'avait réclamé le ministère public.

Une "caisse anti-grève" dotée de 160 millions d'euros

La puissante fédération patronale, considérée comme la faiseuse de roi du Medef, était soupçonnée notamment de financement occulte de syndicats via des retraits en liquide depuis sa "caisse noire".

Cette caisse, baptisée "antigrève", avait été créée selon l'UIMM pour apporter "un appui moral et matériel" aux groupes automobiles ou sidérurgiques, adhérents de la fédération qui subissaient un conflit du travail. Elle était dotée de 160 millions d'euros en 2007.

La justice s'intéressait tout particulièrement à des retraits de 16 millions en liquide intervenus entre 2000 et 2007. Elle a tenté d'en découvrir les destinataires, sans y parvenir. Au cours du procès, les magistrats ont appris qu'une infime partie de cette somme, trois millions à peu près, auraient été versés en complément de salaires.

"Discrédit sur les décideurs de la vie politique et économique"

Mais sur les 13 millions restants, rien de concret n'a filtré, les prévenus se refusant à en dire davantage. Certains témoins ont évoqué des sommes destinées à "fluidifier les relations sociales", d'autres une manne ayant contribué "au rayonnement" de la fédération patronale. D'autres encore ont parlé d'enveloppes distribuées aux syndicats, à des partis politiques, parlementaires, intellectuels ou journalistes.

Pour les juges, ces pratiques, à l'inverse de ce que prétendait DGS pendant le procès, n'ont pas mené "à une meilleure régulation de la vie sociale mais concourraient à alimenter des soupçons de financement occulte de partis politiques, d'achats de parlementaires, d'achat de la paix sociale, d'enrichissement personnel, à jeter le discrédit sur tous les décideurs publics ou privés de la vie politique et économique du pays, de telle sorte qu'elles sont extrêmement négatives pour l'intérêt général".

N.G.