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CFDT: Laurent Berger a-t-il perdu sa bonne étoile?

Le patron du syndicat réformiste n’est plus vraiment en odeur de sainteté à l’Élysée. Et fait face à une fronde interne qu’il tente de contenir par un discours plus véhément vis-à-vis du pouvoir.

Qu’il semble loin le temps où Laurent Berger se présentait à la tribune du congrès de la CFDT, fort d’un rapport privilégié avec le pouvoir en place. C’était en 2014, et les militants s’inquiétaient alors de trop "accompagner" les réformes décidées par François Hollande.

Quatre ans plus tard, et alors que Laurent Berger est seul candidat à sa réélection, le ton a changé. De partenaire incontournable de l’exécutif, la CFDT a été renvoyée au même rang, ou presque, que ses concurrents. Et son numéro un semble payer sa proximité d’alors avec François Hollande - une situation qui, selon l’un de ses proches, agaçait le ministre Macron au plus haut point.

"Profond mécontentement de la CFDT"

Conséquence: l’ambiance n’est pas au beau fixe entre le principal syndicat réformiste et l’Élysée. "La méthode Macron, c’est 'vous discutez, je tranche'", avait déjà déclaré Laurent Berger aux Echos, en février. Reçu le mois dernier par le chef de l’État, il lui a répété "qu’il y avait un problème de méthode, un profond mécontentement de la CFDT".

Un avertissement resté vain, si l’on en croit ses propos à la sortie de cet entretien, rapportés par Le Parisien: "Macron est un illuminé. Il a l’impression qu’il a été élu grâce à Dieu, qu’il est investi d’une mission et que seul lui a raison".

"On va être beaucoup moins conciliants à l’avenir"

Outre le discours, qu’elle veut plus revendicatif, la CFDT n’a pas hésité à s’opposer frontalement au gouvernement, notamment dans le conflit qui l’oppose aux cheminots et aux fonctionnaires.

Malgré tout, les drapeaux orange se font toujours aussi rares dans les manifestations, à l’exception notable de celle de la fonction publique. Contrairement à Philippe Martinez, son homologue de la CGT avec qui il entretient des rapports glaciaux, Laurent Berger n’appelle que très peu à battre le pavé.

Au sein de la base, cette position en irrite certains, qui le font savoir de plus en plus bruyamment. "Des combats il va y en avoir d’autres. Jusque-là on était le syndicat le plus modéré et le plus volontaire pour discuter. On va être beaucoup moins conciliants à l’avenir, puisqu’il (Emmanuel Macron) ne veut pas discuter avec nous", pouvait-on entendre dans les rangs des militants ce lundi.

Vers un retour en grâce?

Laurent Berger, lui, semble avoir décidé de hausser le ton vis-à-vis du pouvoir en place. "Cette petite musique du mépris des syndicats et des corps intermédiaires est loin d’avoir disparu depuis l’élection. Elle est entretenue par le gouvernement, régulièrement", a-t-il martelé à la tribune.

L’exécutif, de son côté, semble avoir mis un peu d’eau dans son vin, considérant qu’il serait contreproductif de se passer d’un potentiel allié lors des réformes à venir. Se profile notamment l’explosive refonte des systèmes de retraites, annoncée pour 2019.

Un premier geste a d’ailleurs été effectué par le gouvernement: l’ensemble des amendements à la réforme ferroviaire défendus par la CFDT ont été acceptés en commission par le Sénat. D’autres pourraient suivre, marquant ainsi le retour en grâce d’un syndicat qui, finalement, reste macron-compatible.