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Emploi

Chômage: un nouveau record et le gouvernement en situation d'"échec"

Le chômage a augmenté en septembre.

Le chômage a augmenté en septembre. - Philippe Huguen - AFP

Les chiffres du chômage atteignent de nouveaux sommets. En septembre, en métropole, il y avait 3.43 millions de demandeurs d'emplois sans activité inscrits à Pôle emploi. Une réalité qui affaiblit encore la marge de manoeuvre d'un gouvernement pris en étau entre ses engagements européens et une partie de la majorité, qui rejette la politique économique mise en place.

A mi-mandat, il s'agit d'une nouvelle mauvaise nouvelle pour François Hollande. En septembre, 3,43 millions de demandeurs d'emploi sans activité pointaient à Pôle emploi en métropole.

Il s'agit d'un chiffre record. Le ministre du Travail, François Rebsamen, parle d'une situation d'"échec" et à droite comme à gauche, les critiques se font de plus en plus dures à l'égard du gouvernement.

Depuis 2012, 500.000 chômeurs en plus

Le chômage avait pourtant légèrement baissé en août. Un mois plus tard, Pôle emploi a accueilli 19.200 nouveaux inscrits (+0,6%) en catégorie A (sans aucune activité). "On a beau faire feu de tout bois, tant qu'une croissance plus forte n'est pas là, il n'y a pas assez de création d'emplois", a assuré dans Le Parisien François Rebsamen.

La hausse est encore plus nette en incluant les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite (+50.200, +1,0%), pour un record historique de 5,13 millions (5,43 millions avec l'Outremer)

"Les réformes ont besoin de temps pour produire leurs effets", a expliqué le ministre du Travail dans un communiqué."L'année 2015 devrait voir une amélioration sur le front de l'emploi. Plutôt vers le second semestre s'il y a une poussée de croissance", a ajouté François Rebsamen dans Le Parisien.

Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, plus d'un demi-million de chômeurs supplémentaires ont poussé la porte de Pôle emploi. En septembre, la situation s'est dégradée dans toutes les classes d'âge. 

"Chiffres lamentables" selon le FN

Dans l'opposition et du côté des syndicats, les réactions sont alarmistes. Eric Aubin (CGT) estime ainsi que les chiffres de septembre sont la preuve que "la politique d'aides aux entreprises nous mène droit dans le mur". Déplorant une "situation dramatique", Force ouvrière demande, elle aussi, une réorientation de la politique gouvernementale. Quant à la CFDT, elle "exige du patronat des engagements urgents sur l'emploi et l'apprentissage" dans le cadre du pacte de responsabilité, qui octroie 40 milliards d'euros d'aides aux entreprises. 

Laurent Wauquiez, député UMP et soutien de Nicolas Sarkozy, a écrit sur Twitter: "Ce n'est pas en assommant les Français d'impôts qu'on inversera la courbe du chômage".

Pour Philippe Vigier, chef de file des députés UDI, la France "s'engage de manière inexorable sur la pente du déclin". Le Parti communiste, dans un communiqué, a demandé la mise en place d'une politique basée sur "le développement des services publics et qui augmente salaires et minimas sociaux".

Dénonçant des "chiffres lamentables", le Front national accuse la gouvernement de "se coucher sous cette broyeuse de croissance et d'emplois qu'est l'Union européenne". "Il est en effet particulièrement piquant de constater que ces chiffres lamentables et particulièrement inquiétants arrivent le jour même où la Commission européenne envoie une lettre à la France pour lui demander encore plus d'austérité", note le parti dirigé par Marine Le Pen.

Une marge de manoeuvre qui se réduit

Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, la Commission européenne a en effet envoyé une lettre à la France afin de l'exhorter à tenir ses engagements de réduction des déficits. Le gouvernement pourrait se voir demander de modifier son budget pour 2015. Une hypothèse redoutée par l'exécutif, qui a déjà assuré que la France n'engagera pas de nouvelles économies en plus des 21 milliards d'euros déjà prévus.

Les marges de manoeuvres de François Hollande semblent se réduire chaque jour un peu plus: à l'Assemblée nationale, la majorité socialiste est de plus en plus chahutée. Les mauvais chiffres du chômage pourraient bien donner des arguments supplémentaires aux députés frondeurs, qui demandent une réorientation de la politique économique du gouvernement.

Maxence Kagni avec AFP