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Et si le crédit d’impôt ne servait à rien?

Mal ciblé, trop compliqué, le crédit d'impôt compétitivité ne sera pas prise en compte par les PME, selon Bruno Vanryb.

Mal ciblé, trop compliqué, le crédit d'impôt compétitivité ne sera pas prise en compte par les PME, selon Bruno Vanryb. - -

Le crédit d’impôt compétitivité a été voté mardi 4 décembre à l’Assemblée. Les négociations entre patronat et syndicats sont en cours pour fixer les contreparties. Pour le PDG d'Avanquest, de toutes façons, ce crédit d'impôt est voué à l'échec.

Le crédit d’impôt pour les entreprises, mesure phare du pacte de compétitivité, a été entériné par l’Assemblée nationale mardi dernier. Les négociations sur les contreparties pour les entreprises se poursuivent. Mais déjà, certains s’interrogent sur l’utilité même de la mesure.

Dans l'émission Les Experts, sur BFM Business, Bruno Vanryb, PDG d’Avanquest Software et membre du Conseil d’Euronext Paris, dénonce "des mesures technocratiques, faites par des gens bien intentionnés mais qui ne connaissent pas la réalité du terrain".

Premier problème, selon lui: le décalage entre les charges engagées par une entreprise et son crédit d’impôts, qui intervient au moment de l’imposition, soit un an plus tard. "C'est une dispense de charges, qui n’intervient pas directement sur les charges parce qu'elle est différée...qui n’aura donc aucun effet", explique Bruno Vanryb.

Pas d'embauches

Deuxième aberration pour le dirigeant: le plafond de la mesure, qui ne s’appliquera que sur la base de la masse salariale inférieure à 2,5 fois le Smic. Les entreprises qui embauchent en France sont principalement celles des secteurs innovants, dans lesquels les salaires moyens sont bien supérieurs.

Bruno Vanryb insiste: "Aucun patron de PME ne fait des calculs anticipés d’embauche en fonction de dispenses de charges", qu'il toucherait théoriquement via un crédit d'impôt l’année suivante.

"C’est de l’argent foutu en l’air!", lâche-t-il. "On a mis 20 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, et on les redonne de façon inefficace, c’est ridicule".

Audrey Dufour