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Déblocage de la participation salariale: "on se trompe de combat"

La participation salariale va être débloquée durant six mois, a annoncé François Hollande, jeudi 28 mars.

La participation salariale va être débloquée durant six mois, a annoncé François Hollande, jeudi 28 mars. - -

L'annonce par François Hollande, jeudi 28 mars, du déblocage des participations des salariés dans leur entreprise, n'a pas fait que des heureux. Jérôme Dedeyan, le président de Debory Eres, explique pourquoi au micro de BFM Business.

François Hollande a annoncé une mesure d'urgence pour relancer la consommation, jeudi 28 mars: un déblocage de l'épargne salariale jusqu'à 20.000 euros, pendant 6 mois.

Mais la mesure s'annonce très compliquée à mettre en œuvre, selon Jérôme Dedeyan, président de Debory Eres, spécialiste en épargne salariale. "L’intention, c’est de permettre aux gens de consommer et d’acheter des produits français", a-t-il affirmé au micro de BFM Business, ce vendredi 29 mars.

"Mais je ne vois vraiment pas comment on peut encadrer cela, le vérifier et le contrôler. On ne va quand même pas, dans une logique kolkhozienne, faire une liste des voitures et des constructeurs que les Français ont le droit d’acheter avec les sommes issues des participations!"

Pour le dirigeant, "le combat va maintenant commencer pour minimiser cette mesure, qui envoie un mauvais signal sur l’épargne et sur le partage du profit. Il faut bien faire attention à ne pas toucher les autres dispositifs d’épargne salariale, que cela ne concerne surtout pas le plan d’épargne retraite collectif."

Attention également "à ne pas déstabiliser les mécanismes d’actionnariat salarié, que les entreprises ont pu mettre en place à partir de la participation", selon lui.

"On veut faire croire aux Français qu'on leur donne du pouvoir d'achat"

Pour Jérôme Dedeyan, ce n'est pas comme cela que le gouvernement va relancer la croissance : "les dernières mesures de déblocage prises par les gouvernements précédents montrent qu’une partie atterrissait sur d’autres produits d’épargne, notamment sur de l’assurance-vie."

Selon le patron de Debory Eres, le gouvernement "se trompe complètement de combat, puisqu’on est en train de créer ce déblocage sur une masse qu’on essaye de développer, représentant 95 milliards d’euros d’épargne populaire au service des Français qui travaillent. C’est plutôt dans le stock des 1400 milliards qu’il y aurait moyen de créer de la relance du pouvoir d’achat, sur l’épargne individuelle."

Et de conclure: "on ne comprend donc pas la cohérence du message : on veut faire croire aux Français qu’on leur donne du pouvoir d’achat en leur rendant leur propre épargne."

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