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Dénonciation mensongère: le tribunal condamne l'ex-syndicaliste d'Areva

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Charly Triballeau

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Une ancienne syndicaliste d'Areva, qui assure avoir été violemment agressée fin 2012 sur fond d'accord confidentiel du groupe nucléaire avec la Chine, a été condamnée jeudi à Versailles à cinq mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende pour "dénonciation mensongère". Le tribunal correctionnel a pris cette décision au regard d'un "faisceau d'éléments convergents établissant le caractère imaginaire de l'agression" relatée par Maureen Kearney, 61 ans, a justifié sa présidente. La prévenue, qui soutient avoir subi une agression ultra violente chez elle dans les Yvelines, le 17 décembre 2012, vraisemblablement en lien avec ses activités syndicales, n'était pas présente à l'énoncé du jugement. Elle va faire appel, a déclaré son avocat, Me Thibault de Montbrial, exprimant sa "stupéfaction totale, tant face à la condamnation que devant les quelques éléments évoqués à l'oral par le tribunal pour la justifier, qui sont soit faux, soit dénaturés". 

Alors secrétaire CFDT du comité de groupe européen d'Areva, cette Irlandaise avait été retrouvée par sa femme de ménage bâillonnée et ligotée à une chaise. Des plaies traçaient la lettre A sur son ventre et le manche d'un couteau était enfoncé dans son vagin. "Il n'y aura pas de troisième avertissement. Arrête de t'occuper de ce qui ne te regarde pas", avait prévenu, selon elle, l'agresseur. La syndicaliste avait alors affirmé qu'elle pensait cette agression en lien avec son opposition assidue à la signature en secret, deux mois plus tôt, d'un accord entre EDF, Areva et l'opérateur nucléaire chinois CGNPC, en vue du développement d'un nouveau réacteur. Cette opposition lui avait valu, selon elle, des menaces. L'agression? Un "avertissement" de la part "d'officines qui travaillent pour des intermédiaires", qui auraient pu craindre que les actions syndicales de Maureen Kearney "conduisent des politiques à remettre en cause ces grands contrats internationaux", avait plaidé son avocat, Me Thibault de Montbrial, lors de l'audience, en mai.

Mais les enquêteurs, relevant des incohérences entre les constatations et ses déclarations, avaient conclu que l'agression n'avait pu se produire. Une enquête pour "dénonciation imaginaire" avait été ouverte en janvier 2013 et Maureen Kearney avait avoué avoir tout inventé. Avant de se rétracter en dénonçant des "intimidations". Le procureur, jugeant qu'il "y a trop d'incohérences, trop d'impossibilités" dans les déclarations de cette Irlandaise, avait demandé l'amende maximale, 7.500 euros et, en cas de peine de prison, "du sursis". Maureen Kearney "est déprimée, ne va pas bien, fait une fixation sur ces problèmes de contrat avec la Chine", avait estimé le représentant de l'accusation.

D. L. avec AFP