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Le dernier 1er mai de Bernard Thibault à la tête de la CGT

Bernard Thibault défilera aujourd'hui pour la dernière fois au premier rang des militants de la CGT (photo : DR)

Bernard Thibault défilera aujourd'hui pour la dernière fois au premier rang des militants de la CGT (photo : DR) - -

Alors que les syndicats organisent aujourd’hui le traditionnel défilé du 1er mai, la succession du leader de la CGT tourne à la foire d’empoigne à quelques semaines du choix de son remplaçant.

Bernard Thibault et François Chérèque défileront cet après-midi pour la dernière année à la tête de leurs troupes. Le premier passera en effet la main lors du 50e congrès de la CGT, qui aura lieu fin mars 2013. Quant au second, il devrait abandonner son poste de patron de la CFDT avant la fin de cette année, après dix ans d’exercice, lors de l’assemblée générale de mi-mandat du syndicat. Mais si la succession de François Chérèque se fait en douceur, celle du leader cégétiste est autrement plus compliquée.

Voilà en effet trois ans que le nom du remplaçant du leader cédétiste est murmuré : il s’agit de Laurent Berger, 43 ans, actuel secrétaire général adjoint de la CFDT chargé de l’action revendicative après avoir été longtemps responsable régional de la confédération dans l’ouest de la France. Dauphin officiel de François Chérèque, le prochain leader du second syndicat de France ne cache pas ses sympathies pour le PS, plus en tout cas que ne le manifestait l’actuel secrétaire général. Une proximité qui pourrait être utile à la CFDT en cas de retour de la gauche aux affaires.

Bernard Thibault souhaite qu’une femme lui succède

A la CGT, en revanche, les choses ne se passent pas aussi simplement. Alors que dans le passé, le syndicat de la Porte de Montreuil a rarement habitué à étaler ses états d’âme sur la place publique, la succession de Bernard Thibault tourne cette fois à la crise interne au grand jour. L’actuel secrétaire général, que ses proches ont dissuadé de briguer un cinquième mandat consécutif, souhaite imposer une femme, en l’occurrence Nadine Prigent (interviewée sur BMF Business lundi 30 avril), 54 ans, responsable de la fédération de la santé de la CGT. Depuis la fin de l’année dernière, il la pousse, en particulier dans les médias. Mais au sein de la confédération, la personnalité de celle-ci est loin de faire l’unanimité, comme l’a montrée la consultation interne organisée par Thibault lui-même depuis la fin de l’année. Ce dernier a donc tenté de mettre en selle une autre femme, Agnès Naton, 50 ans, en charge de la propagande. Mais elle ne fait pas davantage l’unanimité.

Un autre candidat espère profiter de cette situation et contrecarrer les plans de Bernard Thibault. Il s’agit d’Eric Aubin, 50 ans, responsable de la fédération de la construction et surtout en charge du dossier hypersensible des retraites pour la CGT. Plus charismatique et plus médiatique que les candidates proposées par Bernard Thibault, il pourrait recueillir une majorité des suffrages lors du comité confédéral national (CCN), le parlement de la confédération, convoqué les 30 et 31 mai prochains. Mais Bernard Thibault n’a pas dit son dernier mot. Il devrait faire officiellement connaître son choix officiel le 25 mai, soit cinq jours avant la tenue du CCN. Le nom du ou de la candidate choisie ce jour-là sera ensuite entérinée lors du congrès de la CGT en mars 2013.

Sarkozy va enfoncer le clou

L’UMP, qui n’a pas encaissé que la CGT appelle à voter "contre Nicolas Sarkozy", dérogeant ainsi à sa neutralité de 2007, tente naturellement de profiter de ces dissensions internes. "Bernard Thibault devrait s’occuper de sa succession plutôt que de l’élection présidentielle", lançait voici quelques jours Xavier Bertrand, le ministre du Travail. Lors de son meeting électoral de cet après-midi, place du Trocadéro à Paris, pour célébrer le "vrai travail", Nicolas Sarkozy devrait d’ailleurs dénoncer une nouvelle fois la "politisation" des syndicats français.