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Des salariés dénoncent la "stratégie anti-syndicale" de McDonald's

Depuis plusieurs mois les salariés de McDonald's réclament une revalorisation de leur salaire et une prime de 13e mois. (image d'illustration)

Depuis plusieurs mois les salariés de McDonald's réclament une revalorisation de leur salaire et une prime de 13e mois. (image d'illustration) - Bertrand Langlois - AFP

Des salariés marseillais et parisiens de McDonald's se sont réunis vendredi à Paris pour dénoncer une "stratégie anti-syndicale" et demander de meilleurs salaires.

"Les casse-pieds" syndicaux, McDonald's "n'en veut pas" et il "essaie de les faire taire" via des changements de franchise, a résumé Kamel Guemari, délégué Force ouvrière de Marseille. À Marseille, l'enseigne a annoncé récemment un projet de changement de franchise pour six de ses établissements.

Cinq seraient cédés à une personne connue pour ses "méthodes drastiques" dans les restaurants qu'elle gère déjà, et un autre , celui "où il y a le plus de mobilisation syndicale", serait repris par une personne "sans expérience dans la restauration rapide" et voué à la "liquidation judiciaire", selon le représentant syndical.

À la tête depuis janvier 2015 de six restaurants McDonald's à Marseille, Jean-Pierre Brochiero a "décidé de céder l'ensemble de ses restaurants", indique ce dernier dans une déclaration envoyée à l'AFP par la direction du groupe.

Les "conditions contractuelles maintenues"

L'exploitation de cinq d'entre eux, "Marseille Blancarde, Grand Littoral, Saint Victoret, Vitrolles, Les Pennes Mirabeau", sera ainsi "transmise à un partenaire franchisé implanté à Marseille depuis de très nombreuses années". Quant aux "conditions contractuelles", elles seront "maintenues pour l'ensemble des 300 salariés concernés", affirme Jean-Pierre Brochiero.

De son côté, le restaurant "Saint-Barthélemy" "rencontre, de façon chronique, des pertes qu'il n'a pas été possible de résorber au fil des années", poursuit-il. Sa cession vise à maintenir les 70 emplois concernés, après une "période de travaux", assure-t-il.

Pour Massamba Dramé, élu SUD de ce restaurant, il s'agit là de "faits de discrimination syndicale", comme à Paris, où l'administration du travail a estimé que le passage en franchise en décembre du restaurant des Champs-Élysées visait à "entraver l'implantation" de SUD dans l'entreprise. "On va se battre avec tous les outils que la loi nous donne" contre ce changement, a prévenu Ralph Blindauer, avocat du comité d'entreprise de l'entité qui regroupe les six restaurants marseillais. 

Seuls 229 restaurants seraient directement détenus par McDonald's

Car, au-delà de la "stratégie anti-syndicale", il s'agit de "faire rentrer dans le modèle McDo", avec des "temps partiels et des CDD généralisés", des restaurants où les salariés sont majoritairement "en CDI, avec une ancienneté de 20 à 25 ans", a ajouté l'avocat. 

Salariés marseillais et parisiens devaient manifester en fin d'après-midi devant plusieurs restaurants franchisés de la capitale, au départ de Gare du Nord, qui appartiennent au même propriétaire. Ils dénoncent les conditions de travail "inacceptables" qui y règnent, l'absence de 13e mois et un "droit de la représentation du personnel détourné".

Face aux "bas salaires", les syndicats (CGT, SUD, FO) et l'organisation de défense des salariés Vos droits chez McDo demandent aussi "la relocalisation des profits" afin d'obtenir "13 euros de l'heure" pour tous. Sur les 1.419 restaurants McDonald's existant en France fin 2016, pour un total de 71.250 salariés, seuls 229 étaient détenus en propre par l'enseigne, selon les chiffres cités par maître Blindauer.

A.M. avec AFP