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Discriminations en entreprise: le "sombre" premier constat d'El Khomri

Myriam El Khomri a menacé de divulguer les noms

Myriam El Khomri a menacé de divulguer les noms - Lionel Bonaventure - AFP

La ministre du Travail a fait le bilan après une première campagne de "testing" menée sur une quarantaine de sociétés, qui s'avère bien négatif. Elle a menacé de divulguer les noms des entreprises.

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a dressé mercredi un "premier constat sombre" du "testing" mené auprès d'une quarantaine d'entreprises pour lutter contre les discriminations au travail.

"Parmi la quarantaine d'entreprises de plus de 1.000 salariés testées, même si de bons élèves se distinguent, un premier constat sombre s'impose à nous: les hommes et femmes d'origine supposée maghrébine peuvent être clairement écartés des procédures de sélection dans certaines entreprises", a déclaré la ministre, lors de la remise du deuxième rapport du groupe de dialogue sur le sujet, dont elle veut pérenniser l'action.

Ce groupe créé il y a deux ans réunit associations et syndicats, mais les organisations patronales l'ont quitté en septembre. La ministre a prévenu que si, après la communication des résultats détaillés du testing dans les semaines à venir, les entreprises ne prennent que "des mesures cosmétiques, nous nommerons celles qui ont eu des pratiques discriminatoires".

L'absence du patronat

Ce testing était l'une des 18 mesures proposées en mai 2015 par le groupe de dialogue. Mercredi, ce groupe a remis 13 nouvelles propositions à la ministre du Travail et au ministre de la Ville, Patrick Kanner.

Afin de pérenniser l'action de ce groupe "au-delà des échéances électorales", le gouvernement a proposé de le placer "sous la responsabilité conjointe" des deux ministères, ce que son animateur, Jean-Christophe Sciberras (DRH France du chimiste belge Solvay), a jugé "rassurant".

Myriam El Khomri a "regretté" l'absence des organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et les a appelées à "reprendre le travail de façon collective" pour mettre oeuvre les mesures relevant des partenaires sociaux.

"Les compétences d'abord"

Mais ces trois organisations ont réaffirmé, dans un communiqué commun, "leur opposition ferme aux propositions", qu'elles jugent "dogmatiques". Elles "s'interrogent sur l'efficacité de la méthode qui consiste à réunir en une même enceinte des organisations (...) dont les rôles sont différents par nature".

Parmi les propositions du groupe, plusieurs ont déjà été reprises par le gouvernement, comme la campagne de communication "Les compétences d'abord", l'action de groupe contre les discriminations ou la formation à la non-discrimination dans les entreprises de plus de 300 salariés.

Le gouvernement souhaite désormais "accompagner" aussi les TPE-PME sur la formation, via les services "d'appui RH" créés par la loi travail. Il lancera également en janvier une expérimentation sur les indicateurs de déroulement de carrière.

"Une expérimentation"

Des propositions insuffisantes pour l'association La Maison des Potes. "Ils ont perdu une occasion de faire quelque chose avant de partir", a réagi auprès de l'AFP son responsable, Samuel Thomas, qui regrette notamment que l'ouverture "à tous les étrangers des emplois déjà ouverts aux Européens dans la fonction publique" n'ait pas été retenue.

"Deux ans de réunions, de propositions des syndicats et le gouvernement annonce... une expérimentation", a dénoncé dans un tweet Sophie Binet (CGT), déplorant que la proposition de "registre des candidatures" dans les entreprises ait été écartée du rapport.

FO a également déploré la "timidité des engagements ministériels", par exemple sur les indicateurs de déroulement de carrière, question qui aurait valu selon le syndicat "la publication rapide d'un décret".

J.M. avec AFP