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EDF pointé du doigt pour ses avantages sociaux

La Cour des comptes critique le prix de la paix sociale chez EDF

La Cour des comptes critique le prix de la paix sociale chez EDF - -

Dans son rapport annuel, qui sera publié mardi 12 février, la Cour des comptes égratigne EDF pour ses avantages sociaux trop généreux. Mais l'entreprise publique bénéficie également d'un régime de retraite très favorable payé en partie par les clients.

Ce sera l'un des gros morceaux du rapport annuel de la Cour des comptes qui sera rendu public mardi 12 février : les magistrats de la rue Cambon vont épingler EDF pour sa politique sociale trop généreuse permettant d'acheter la paix sociale.

Selon les indiscrétions qui ont filtré depuis le week end, le rapport rappelle que les 156 000 agents du groupe public ont vu leurs rémunérations augmenter de 3 à 4% entre 2005 et 2010, c'est à dire largement plus que celles des autres salariés du secteur public. En 2009, le nouveau président d'EDF, Henri Proglio, a accordé une nouvelle augmentation de 4% afin de rétablir la paix sociale dans l'entreprise.

La Cour critique également les rémunérations des dirigeants du groupe. De 2005 à 2010, celles-ci ont été multipliées par 2,35 en euros courants selon la Cour. Elle reconnait cependant que dans le même temps, certains avantages salariaux des cadres dirigeants ont été supprimés.

Tarif privilégié pour les agents

Autre critique de la Cour qui ressemble à un serpent de mer : le tarif de l'électricité dont bénéficient les agents d'EDF. Celui-ci correspond à 10% de celui payé par les abonnés, rappelle les magistrats de la rue Cambon.

Cette mesure coûte annuellement 222 millions d'euros, payés par les autres abonnés d'EDF. Les magistrats jugent cet avantage "exorbitant" car aucune limite de consommation n'est fixée aux salariés d'EDF et ne tient pas compte de la structure de la famille.

Un tiers des retraites des agents payés par les abonnés

Mais les avantages sociaux ne sont pas les seuls privilèges des salariés d'EDF. La Cour des comptes ne l'évoque pas cette fois, mais le régime de retraite d'EDF, comme celui de GDF Suez et des autres industries électriques et gazières (IEG), profite d'argent provenant des abonnés, permettant ainsi aux agents du groupe public de cotiser moins qu'ils ne le devraient.

Au détour de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2013, figure une mesure énigmatique pour le grand public: la hausse de la Contribution tarifaire d'acheminement (CTA) à la charge de tous les clients du gaz et de l'électricité, c'est-à-dire quasiment tous les Français. Certes, l'augmentation sera modeste puisqu'elle se traduira pas un peu plus d'un euro par an pour l'occupant d'un studio, et 3,28 euros pour une famille de cinq personnes vivant dans une maison, selon du moins les calculs avancés par le gouvernement.

Cette taxe, créée en 2004, finance une partie du régime spécial de retraite des industries électiques et gazières, au premier rang desquels EDF et GDF Suez. Le régime des IEG compte actuellement 162 245 bénéficiaires pour seulement 140 103 cotisants.

Le gouvernement va donc augmenter le taux de la CTA, ce qui n'était pas intervenu depuis 2010. Sur un an, la hausse devrait permettre de récupérer 160 millions d'euros supplémentaires pour 1,1 milliard d'euros rapportés par la CTA en 2011. En comparaison, les cotisations de retraite patronales et salariales d'EDF et GDF Suez rapportent un peu moins de 3 milliards d'euros par an, soit 43,6% des charges du régime. En d'autres termes, l'ensemble des abonnés au gaz et à l'électricité va payer un tiers des retraites des agents d'EDF et GDF.

Patrick Coquidé