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Emploi

Emploi des cadres: les jeunes plébiscités, les séniors boudés

L'Apec a dévoilé sa nouvelle étude de perspective pour l'année 2020 avec des chiffres ambitieux: 302.000 recrutements en ligne de mire à l’horizon 2022. Mais les jeunes et les séniors ne sont pas logés à la même enseigne.

Pour les cadres, le plein emploi a pratiquement été atteint en France (3,8% de chômage). Et les embauches devraient se poursuivre, assure l'Apec dans sa nouvelle étude de perspective 2020 qui s'attend à 296.000 recrutements l'année prochaine et plus de 300.000 à l'horizon 2022.

De bonnes nouvelles qui cachent néanmoins une différence de traitement notable entre les plus jeunes et les plus âgés. Selon l'étude de l'Apec, les cadres ayant entre 1 à 10 ans d’expérience resteraient les profils privilégiés par les recruteurs puisqu'ils représenteraient à eux seuls près de 60% des embauches attendues pour 2020.

"Tout le monde veut les mêmes. Le problème c'est que, dans la réalité (…) le marché se raréfie donc cela amène les entreprises à repenser la définition même des postes et le type de compétences qu'elles vont rechercher" commente Bertrand Hébert, directeur général de l'Apec, ce vendredi sur le plateau de Good Morning Business. "Donc on essaye de les accompagner justement pour voir (…) comment on peut transférer un certain nombre de demandes sur d'autres populations que les jeunes cadres."

"Très diplômés, pas chers, fidèles à la boîte"

Sur le papier, les jeunes sont effectivement très intéressants pour les entreprises. "Très diplômés, pas chers, fidèles à la boîte" énumère Bertrand Hébert. "Sauf que ce mouton à cinq pattes n'existe pas forcément et il nous appartient d'apporter une certaine information, une information crédible auprès des entreprises" souligne-t-il.

Car de l'autre côté du spectre, les plus expérimentés sont clairement boudés. Seules 12% des embauches prévues en 2020 concernent des cadres de plus de 15 ans d'expérience. "Ce qui est clair, c'est que sur 160.000 demandeurs d'emplois cadres, aujourd'hui pratiquement un sur deux est en chômage longue durée" explique Bertrand Hébert. "Là, on a véritablement à accompagner! On ne peut pas dire d'un côté, il y a un besoin de compétences, il y a une raréfaction de la disponibilité (…) et ne rien faire sur une population qu'on peut rendre disponible."

Ce changement de paradigme doit passer par une autre vision des cadres séniors dans les entreprises. "60 ans, c'est culturellement un marqueur" déplore le DG de l'Apec. "Mais ce n'est plus possible." L'Apec s'engage donc à accompagner les travailleurs concernés mais renvoie le gouvernement à ses responsabilités sur des mesures de plus grande ampleur.

Thomas Leroy