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Le fondateur de Groupon maintenu malgré de mauvais résultats

Andrew Mason est le co-fondateur de Groupon avec Eric Lefkofsky et Brad Keywell, qui possèdent 23% du groupe.

Andrew Mason est le co-fondateur de Groupon avec Eric Lefkofsky et Brad Keywell, qui possèdent 23% du groupe. - -

Andrew Mason, co-fondateur du site de bonnes affaires Groupon, conserve son poste, malgré la polémique sur son manque d'expérience et les mauvais résultats de la compagnie.

Le directoire de Groupon a décidé de maintenir Andrew Mason à la tête de la compagnie, après la réunion du jeudi 29 novembre. Mais les perspectives restent sombres pour Groupon et son CEO doit poursuivre sa mutation.

Fondé en 2008, ce site d'achats groupés, offre aux internautes la possibilité de réaliser d'importantes économies. Le principe: les commerçants mettent à disposition des bons de réduction, qui ne partiront que si un minimum d'internautes est intéressé.

Une idée originale qui a connu un succès fulgurant sur le web, mais voilà... depuis un an, les résultats sont en chute libre. Le projet du jeune patron, Andrew Mason, doit faire face à une concurrence accrue ainsi qu'à une baisse importante d'activité des internautes, en particulier européens.

Pour inverser la tendance, le directoire de Groupon avait envisagé le remplacement du fondateur par un dirigeant plus expérimenté. De fait, le créateur doit se muer en un gestionnaire pour garder la confiance des marchés et des investisseurs.

Une image d'artiste loufoque et des décisions contestées

Que reproche-t-on finalement à Andrew Mason? Son style, d'abord. Il a joué en sa défaveur dans le monde des affaires. Le jeune dirigeant de 32 ans, qui avait fait aménager pour un monstre imaginaire une pièce entière dans les locaux du groupe (!), doit trouver une crédibilité qui lui fait défaut.

Ensuite, ses décisions risquées. En 2010, deux ans après la création du site, l’enfant chéri d’internet refuse une offre de rachat de six milliards de dollars par Google. A l’époque, les dents grincent au sein du directoire, qui comprend les deux autres fondateurs de Groupon, mais Andrew Mason explique vouloir conserver sa liberté.

L'introduction en bourse de Groupon a lieu l’année suivante, en novembre 2011. Mais la mutation d’une start-up prometteuse à un grand nom du e-commerce est un échec. Le prix de l’action, à 20 dollars lors de l’entrée sur le marché, est en chute libre depuis un an. Le marché européen est à la traîne, et Groupon a déclaré une perte de 2,98 millions de dollars au troisième trimestre cette année.

Son meilleur atout: la continuité

Depuis, le jeune fondateur affiche une certaine lucidité. "Notre action a perdu 80%, il serait bizarre que le directoire ne soit pas en train de discuter de mon avenir. Il est de leur responsabilité de soulever cette question", a reconnu Andrew Mason mercredi 28 novembre à la veille de la réunion décisive pour son avenir.

Depuis quelques mois déjà, conscient de la méfiance des investisseurs, il a opéré un changement de style radical. Ses proches au sein de la compagnie avouent qu’ "il fait moins de blagues". Exit les tenues loufoques et l’attitude décontractée, le diplômé en arts a adopté la chemise et les lunettes en écailles.

La vision d'un fondateur et la continuité du projet sont sans doute les meilleurs atouts d'Andrew Mason. "Si jamais je pensais que je n’étais pas la bonne personne pour le poste, je serais le premier à me licencier […] Je veux ce qu’il y a de mieux pour Groupon", a-t-il déclaré lors de la dernière conférence de presse.

"Il faut lui laisser une année supplémentaire pour voir s'il peut mener à bien le développement international", explique Tom Forte, analyste spécialisé dans la consommation. Le directoire a suivi cet avis. L'action de Groupon, elle, a chuté de 3% à la suite de cette annonce. Le chemin à faire est encore long pour rassurer les marchés.

Audrey Dufour