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François Hollande est-il vraiment social-démocrate?

François Hollande a assumé son statut de social-démocrate, lors de ses voeux à la presse.

François Hollande a assumé son statut de social-démocrate, lors de ses voeux à la presse. - -

Le président s'est défini comme tel, lors de sa conférence de presse, mardi 14 janvier. Reste à savoir ce qu'est vraiment un social-démocrate, et si François Hollande l'est effectivement.

Au vu des réactions après la conférence de presse de François Hollande, l'orientation semble claire. Colère de la gauche de la gauche, embarras de l'UMP, et soutien du patronat... Pas de doute: le changement, c'est maintenant.

Le chef de l'Etat a en effet, mardi 14 janvier, amorcé un tournant dans sa politique économique. En annonçant une baisse massive des charges pour les entreprises, d’une part. En s’assumant enfin comme "social-démocrate", d’autre part.

Le président français marche ainsi sur les pas de son prédecesseur et modèle, François Mitterrand, qui avait entamé une séquence libérale deux ans après s'être fait élire sur un programme très à gauche. Mais aussi de Lionel Jospin qui a été de 1997 à 2002 le Premier ministre ayant le plus eu recours aux privatisations dans l'histoire de la Vème République.

La social-démocratie, une histoire de compromis

Le terme de social-démocratie n’évoque finalement pas grand-chose de concret. Jacques Delors l’avait défini un jour comme un double compromis: entre l’Etat et le marché, d’un côté, entre le patronat et les syndicats, de l’autre.

Deux exemples peuvent illustrer ce schéma depuis le début du mandat de François Hollande. La réforme bancaire qui, selon les propres mots de Bercy, vise à "lutter contre de nouvelles crises du système bancaire sans porter préjudice au financement de l’économie réelle".

Ou la loi sur la sécurisation de l’emploi, fruit de négociations entre partenaires sociaux, devant apporter plus de flexibilité au marché du travail tout en accordant des garanties aux salariés.

L'exemple Schröder

Augmenter la compétitivité des entreprises par une baisse des charges et une libéralisation du marché du travail, voilà en partie de quoi était composé l’agenda 2010 de Gerhard Schröder. L’ancien chancelier allemand est souvent cité comme le chantre de la social-démocratie, et quasi unanimement tenu pour responsable de la bonne santé économique du pays. Son action a d’ailleurs été saluée par un certain… François Hollande lors des 150 ans du SPD, en mai dernier.

Le président français n’a pourtant pas entamé son mandat en suivant à la lettre les réformes Schröder. D’une part, car les efforts pour redonner de la compétitivité au pays se sont accompagnés d’une fiscalité qui, selon beaucoup, s’est avérée contreproductive. D’autre part, car les réformes engagées ont, au final, été réalisées a minima, à l’image de la réforme des retraites.

Hollande pas si loin du "social-libéralisme"

Malgré tout, François Hollande a fait beaucoup pour le dialogue social, un facteur qu’il met volontiers en avant lorsqu’il justifie son orientation. La social-démocratie, en effet, repose en grande partie sur fait d’impliquer les partenaires sociaux dans la politique menée par le pays.

Mais en concluant un "pacte" directement avec le patronat, le chef de l’Etat pourrait se voir affublé de l’étiquette "social-libéral". Cela pourrait dépendre des contreparties réclamées aux entreprises en termes d’emploi. Mais le président de la République s’en est d’ores et déjà défendu, affirmant qu’il n’était "pas gagné par le libéralisme". Pour ses électeurs de gauche, c’est un moindre mal.

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Yann Duvert