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Grève dans les Ehpad: "il faut arrêter les suppressions de postes"

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce mardi

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce mardi - JACQUES DEMARTHON / AFP

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce mardi pour réclamer davantage de moyens dans les Ehpad. Une délégation a été reçue par le cabinet de la ministre des Solidarités et de la Santé mais a déclaré être ressortie "déçue".

Personnels des maisons de retraite, familles de résidents, retraités: plusieurs milliers de personnes ont participé à des rassemblements organisés dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour s'occuper "dignement" des personnes âgées, une mobilisation inédite.

À l'appel d'une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD), avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et d'associations de retraités, des débrayages ont eu lieu dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et dans des services d'aide et de soins à domicile.

Au moins plusieurs dizaines, et souvent plusieurs centaines, de personnes se sont rassemblées dans de nombreuses villes de France, comme Bordeaux, Nantes, Rennes, Lyon, Strasbourg, Limoges, Perpignan, Marseille, Nice, Lille ou encore Clermont-Ferrand, Tours, Chateauroux, Orléans. Dans ces villes, au moins 5000 personnes ont participé selon un décompte de l'AFP. À Paris, ils étaient plusieurs centaines en début d'après-midi à proximité du ministère des Solidarités et de la Santé, parmi lesquelles Philippe Poutou (NPA), Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT).

"Assez de la maltraitance"

"Pour la dignité et le respect de nos aînés et des professionnel.le.s exigeons plus de moyens", pouvait-on lire sur la grande banderole déployée par les manifestants. "Assez de la maltraitance", scandaient des manifestants. "Madame Buzyn c'est vous bientôt qui serez dans nos lits, comment on va faire pour vous soigner!", a clamé une manifestante au micro. Une délégation, reçue par le cabinet de la ministre des Solidarités et de la Santé, est ressortie "déçue", affirmant n'avoir obtenu que "des non réponses".

Depuis plusieurs mois, les personnels réclament "davantage de moyens humains pour plus de dignité". En 2017, une centaine de grèves dans des Ehpad ont été recensées, dont la plus médiatique, aux Opalines à Foucherans (Jura), a duré près de trois mois.

"La situation n'est plus tenable. [...] Il y a trois mesures à prendre à très court terme. D’une part, arrêter les baisses de dotations pour les établissements qui voient leur budget diminuer. Deuxième élément: arrêter les suppressions de postes notamment au travers de la suppression des contrats aidés […] et, troisième élément: augmenter les salaires dans l’aide à domicile", a déclaré Romain Gizolme, directeur de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), sur notre antenne avant de réclamer "à moyen terme", une augmentation "des salaires du nombre de professionnels au quotidien" et une réduction "des coûts pour les personnes âgées et les familles".

"Situation explosive"

Agnès Buzyn a assuré ce mardi matin comprendre la colère et "l'épuisement" des personnels. Ces dernières années, "les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent", a-t-elle concédé, rappelant que "les personnes âgées qui arrivent en Ehpad sont de plus en plus dépendantes". En octobre déjà, des représentants syndicaux avaient adressé une lettre à Emmanuel Macron pour lui signaler une "situation explosive".

Deux revendications dominent: l'application d'un ratio d'un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement, et l'abrogation d'une réforme contestée du financement, qui prévoit de faire converger progressivement jusqu'en 2023 les dotations aux Ehpad publics et privés. Les députés centristes ont réclamé mardi un moratoire sur cette réforme, qui selon les syndicats va "aggraver davantage la situation financière des Ehpad publics" et conduire à des "suppressions de postes".

Agnès Buzyn avait annoncé la semaine dernière le déblocage de 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements en difficulté, somme jugée insuffisante par les syndicats. Selon le ministère de la Santé, près de 600.000 personnes vivent aujourd'hui dans l'un des 7.200 Ehpad recensés en France. 400.000 personnes y travaillent.

P.L avec AFP