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Que faire avec un collègue râleur qui vous empoisonne la vie?

Les employés de bureaux peuvent parfois se montrer râleurs.

Les employés de bureaux peuvent parfois se montrer râleurs. - Olivier Laffargue - BFMTV

Il se lamente qu'il a trop de boulot, se plaint en boucle qu'il a trop chaud ou trop froid, et ses jérémiades sur ses insomnies sont connues de tout le service. Pas de doute, ce collègue appartient à la catégorie des râleurs. Quelle attitude adopter pour parvenir à travailler en toute sérénité?

Avec ce collègue râleur, pas besoin d'avoir une montre sous les yeux. Dès 8 heures, il se lamente sur les insomnies qui plombent ses nuits et son grand état de fatigue. Puis à 9h, il entame une longue litanie contre le café de la machine qui est toujours exécrable. Vers 10 heures, il s'en prend à sa charge de travail, qu'il trouve bien plus élevée que celle de ses collègues. Puis viennent des plaintes sur la clim mal réglée, l'ordinateur qui plante, les managers qui ne comprennent rien à rien … Bref, ses jérémiades sans fin empoisonnent l'atmosphère du bureau et mettent à mal la concentration de ses voisins. Il faut agir avant que les nerfs de tous lâchent!

"Attention, il faut avant tout s'assurer qu'il s'agit bien d'un râleur chronique, et pas de quelqu'un qui se met soudainement à se plaindre et qui a juste besoin de vider son sac", met en garde Sylvaine Pascual, coach spécialisée dans le bonheur au travail et fondatrice d'Ithaque coaching. Une mission plus difficile à accomplir que d'autres, une surcharge de travail, ou même des difficultés d'ordre personnel peuvent modifier le comportement d'un salarié. Dans ce cas, le manager doit lui prêter une oreille car c'est le signal d'un problème.

Eviter de soupirer à chacune de ses plaintes 

Mais si le râleur est connu de tout le service pour ses monologues plaintifs sans fin, la conduite à adopter est toute autre. Pas question de lui crier dessus que vous ne supportez plus son attitude, cela ne ferait qu'alimenter sa complainte. "Le râleur se met en position de victime, il cherche à attirer l'attention sur lui, y compris de manière négative en inspirant de la pitié et de l'exaspération. Il ne cherche pas à trouver une solution à son problème", souligne Sylvaine Pascual.

Comme pour tous les profils à problèmes, il faut adopter une attitude bienveillante. Cela ne veut pas dire qu'on doit lui taper dans le dos en lui disant: "C'est vrai, ce n'est pas normal, tu as raison". Cela ne ferait là encore qu'alimenter ses flots de paroles. La bienveillance se traduit par une acceptation de l'autre tel qu'il est, et par une prise de recul pour ne plus se focaliser sur ses grogneries, et ainsi diminuer le sentiment d'exaspération. Mettre un casque pour écouter de la musique peut aussi être une bonne option. "En fait, on ne peut pas changer l'autre, mais on peut améliorer sa relation à l'autre", résume la coach.

Le râleur cherche à attirer l'attention

Mais la bienveillance des uns et des autres peut finir par s'épuiser. Si son comportement nuit à l'ensemble de l'équipe, c'est au manager de prendre le problème à bras le corps en lui demandant de réagir sur du factuel. Il répète sans fin "untel me donne toujours les tâches les plus ingrates, personne ne veut entendre ce que je dis". Il faut lui demander de préciser ses propos en demandant des faits ("qu'est-ce qui te fait dire ça ?") afin qu'il comprenne que son comportement n'est pas forcement justifié. Ces quelques questions vont le calmer pour un temps.

Car ce Calimero de l'open space est en fait une personnalité qui souffre d'un manque affectif, qui n'a pas confiance en lui, et qui cherche la reconnaissance en geignant à longueur de journée. Un facteur qui doit être pris en compte par le manager. Ce dernier peut ainsi prendre le temps de lui envoyer des retours positifs sur son travail. "Car ce n'est pas parce que ce collaborateur râle qu'il n'est pas un bon élément", rappelle la fondatrice d'Ithaque. Ces encouragements vont là aussi lui permettre d'espacer ses complaintes puisqu'il aura eu les marques d'attention qu'il recherche tant.

Pour les cas les plus désespérés, un recadrage est parfois nécessaire. Le ton accusatoire et l'affrontement sont à proscrire, car cela alimenterait son sentiment de victime. Il faut commencer par: "J'ai remarqué qu'il t'arrive de te plaindre", puis énumérer quelques faits et enchaîner sur les répercussions que cela a sur le travail de l'équipe. Et finir avec : "j'aimerais que tu cesses de parler ainsi".

Coralie Cathelinais