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Jacques Attali: "les réformes recommandées par Bruxelles sont punitives."

Jacques Attali était sur le plateau de BFM Business, au micro d'Hedwige Chevrillon, ce mardi 4 juin 2013.

Jacques Attali était sur le plateau de BFM Business, au micro d'Hedwige Chevrillon, ce mardi 4 juin 2013. - -

Le président de PlaNet Finance et auteur de "Urgences françaises" était l'invité de BFMBusiness ce mardi 4 juin. Il y a fait part de ses idées pour réformer la France.

"On peut faire des réformes en France", Jacques Attali en est convaincu. Mais "la fenêtre de tir ne va pas se représenter avant longtemps. Et si on ne saisit pas cette occasion, on va aller vers un lent déclin", prévient-il. Le président de PlaNet Finance, sur BFM Business ce 4 juin à l'occasion de la publication d'"Urgences françaises", s'est défendu d'être pessimiste: "tout ira bien, si l'on décide d'agir"!

Le problème, c'est que la France "n'avance que par révolution et contre révolution". Une conséquence de siècles successifs de ruralité, explique-t-il. La France, plus grande façade maritime européenne, "aurait pu être un pays maritime plutôt que rural", souligne-t-il, ce qui lui aurait permis d'accepter les évolutions quand elles arrivent. Au lieu de cela "comme les autres pays ruraux, elle protège les rentiers contre les envahisseurs".

Il faut bousculer la France, estime l'économiste. En 1945, 1968 et 1981, les réformes opérées de manière brève, brutale, comme l'abolition de la peine de mort, la décentralisation, sont encore en place aujourd'hui, rappelle Jacques Attali. "Echelonner les réformes, c'est comme si un chirurgien opérait sous l'anesthésie la plus faible possible en demandant son avis au patient à chaque coup de scalpel".

Miser sur les biotechnologies, les nanotechnologies, et les neurosciences

Tout réformiste qu'il soit, Jacques Attali s'insurge contre les réformes préconisées par Bruxelles, "très mal goupillées", selon lui. Taper sur les métiers de la santé, alors même que c'est un secteur de croissance, est pour lui absurde. Tout comme de mettre l'accent sur les taxis alors que c'est anecdotique. "C'était une liste ultra-libérale, punitive", conclue-t-il.

Certes, il faut réduire la dépense publique. Mais "ce n'est pas en disant qu'on va les réduire de 5% qu'on va y arriver", assure l'essayiste. La question à se poser est "comment les rendre plus efficaces?". Et de lister des subventions de l'Etat aux collectivités locales "trop élevées", des dépenses sociales "pas assez ciblées".

Plus concrètement, les secteurs de développement sur lesquels devrait miser la France pour son avenir sont, selon lui, les biotechnologies, les nanotechnologies, et les neurosciences. Ce qu'il appelle "les grands chantiers d'après-demain".

Nina Godart