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Emploi

Jean-Marc Ayrault : "créer les conditions de la croissance"

Le Premier ministre présentera 15 projets de loi durant le semestre

Le Premier ministre présentera 15 projets de loi durant le semestre - -

Le Premier ministre a présenté ce jeudi 3 janvier sa feuille de route pour les six prochains mois et François Hollande présidera le lendemain un séminaire sur la situation économique et l'emploi. Objectif principal: inverser la courbe du chômage en fin d'année.

Après les voeux de fin d'année du chef d'Etat, l'Exécutif passe à la mobilisation. Ce jeudi 3 janvier, en Conseil des ministres, Jean-Marc Ayrault a détaillé la feuille de route de son gouvernement pour le premier semestre. Il a en particulier annoncé le dépôt de 15 projets de loi. "La priorité, c'est de créer les conditions de la croissance, de la lutte contre le chômage", a-t-il affirmé à la sortie. Il doit détailler ce programme dans une interview au Monde de cet après-midi.

Vendredi matin 4 janvier, ce sera au tour de François Hollande de présider une réunion consacrée à la situation économique et sociale française. L'emploi, avec l'inversion de la courbe du chômage en fin d'année, sera évidemment au centre des préoccupations du Président comme de son gouvernement.

Après 19 mois consécutifs de hausse du chômage qui atteint, fin novembre 2012, 3,12 millions de personnes (4,6 millions en tenant compte les temps partiels), le président va devoir convaincre qu'il est effectivement possible d'inverser la vapeur. Ce qui n'est pas gagné.

Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee prévoit ainsi une croissance de 0,1% pour les deux premiers trimestres de 2013. Or, en dessous de 1,5% de croissance, l'économie française est incapable de créer de véritables emplois. Même si ce seuil était de 3% voici encore une douzaine d'années. Conséquence, l'Insee anticipe un chômage à 10,9% à la mi-2013 contre 10,3% actuellement. Selon l'institut, environ 75 000 emplois seront détruits dans les six prochains mois.

Facteur aggravant : à la différence de l'Allemagne, la population française en âge de travailler augmente d'environ 120 000 personnes par an. Autant de nouveaux candidats à un poste qui viennent concurrencer les demandeurs d'emplois... Or, en 2011, la France n'a créé que 61 000 emplois.

Le contribuable va payer les emplois

Face à cette situation, que peut faire le gouvernement? Il s'agit de créer environ 350 000 emplois pour stabiliser le chômage.

Sans croissance, l'Exécutif ne peut donc compter que sur les emplois aidés, c'est-à-dire subventionnés par l'Etat. En 2013, le gouvernement mise sur 100 000 contrats de génération et 100 000 emplois aidés pour les jeunes (2000 sont déjà signés). Mais pour l'essentiel, ceux-ci seront ouverts dans le secteur non-marchand.

A cela, il convient d'ajouter les 390 000 contrats d'insertion destinés aux chômeurs de longue durée. Mais on parle ici essentiellement de contrats précaires, et pas toujours en entreprises.

Par ailleurs, selon les prévisions de Bercy, la mise en oeuvre du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) à compter du 1er janvier dans les PME entraînerait la création de 32 000 emplois en 2013 (et 125 000 en 2014). Mais à l'inverse, les mesures d'économie budgétaire qui seront prises cette année pour financer les 20 milliards du CICE devraient aboutir à la destruction de quelques milliers d'emplois (100 000 à l'horizon 2017).

Mis bout à bout, tous ces emplois subventionnés peuvent effectivement contribuer à ralentir la courbe du chômage. Mais à quel prix? Au total, le gouvernement a budgété 2,16 milliards d'euros en 2013 pour les emplois aidés (contre 1,9 milliard en 2012) plus 180 millions pour les contrats de génération (un milliard par an à terme).

De leur côté, les emplois d'avenir sont estimés à 500 millions en 2013 puis 1,5 milliard en vitesse de croisière. Quant aux emplois nouveaux liés à la mise en place du CICE, le Sénat a estimé le coût unitaire à 190 000 euros.

Réforme du marché du travail

Reste la réforme du marché du travail qui doit faire l'objet d'un "accord historique" entre partenaires sociaux selon le voeu de François Hollande. La réunion de la dernière chance est prévue les 10 et 11 janvier prochains.

Faute de cet accord, le gouvernement légifèrera pour imposer ses vues, ce qui apparait comme l'hypothèse la plus probable. "Les dispositions législatives permettant aux salariés de siéger dans les conseils d'administration, de mettre fin à certains comportements en matière de rémunérations et de protéger les entreprises contre les OPA hostiles seront présentées en conseil des ministres avant la fin du premier trimestre", a indiqué Jean-Marc Ayraul au Monde du 4 janvier.

Quelle que soit l'issue de la négociation, les réformes évoquées -taxation accrue des CDD et autres contrats courts, facilité donnée aux entreprises de recourir au chômage partiel et raccourcissement des délais de licenciement- ne pourront pas entraîner de nombreuses créations d'emplois en 2013.

Patrick Coquidé